Arrive à Buchenwald le 20 août 1944, matricule 77127.
Né à Dunkerque, diplômé en droit, Émile Bollaert, ancien combattant de la guerre 1914-1918, est choqué par l’attitude collaborationniste des autorités françaises lors de l’occupation allemande. Il refuse de prêter serment au maréchal Pétain, qui le fait relever de ses fonctions dans l’administration préfectorale où il travaille. C’est en 1941 qu’il entre en résistance sous le pseudonyme de « Baudouin ». Après la disparition de Jean Moulin, le général de Gaulle le nomme en 1943 délégué général du Conseil national de la Résistance. Arrêté le 3 février 1944 par les Allemands, Émile Bollaert est emprisonné à Rennes puis à Fresnes. Il est ensuite déporté à Buchenwald par le convoi I.264, parti de Pantin le 15 août 1944, puis transféré quelques semaines plus tard à Dora, où il fait partie de ceux qui permettent à la communauté française de mieux s’organiser. Il est affecté dans le tunnel, où il travaille comme veilleur de nuit. Lors de l’évacuation du camp, il est transféré à Bergen-Belsen. Il est rapatrié en France le 29 avril 1945 et, le 1er mai, il défile avec d’anciens compagnons de Dora sur l’avenue des Champs-Élysées, où ils déposent une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu. Peu après, il est fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle, et devient à partir du 1er juin 1945 commissaire de la République pour l’Alsace. En décembre 1946, il est conseiller de la République puis, le 13 mars 1947, haut-commissaire en Indochine. Le 13 mai 1949, il est nommé président du conseil d’administration de la Compagnie nationale du Rhône jusqu’à sa retraite, en 1960. Émile Bollaert décède à Paris le 18 mai 1978.
Extrait de BUCHENWALD PAR SES TÉMOINS, Histoire et dictionnaire du camp de concentration de Buchenwald-Dora et de ses Kommandos (1937-1945), éditions Belin, 2014