SABA Félix KLB 20269

Notre ami Félix Saba nous a quitté le 20 novembre 2016. Il était né le 13 août 1923 à Paris Xe. Avec son CAP de chaudronnier il est employé dans une usine de Suresnes travaillant pour l’aviation.
«  En 1942, racontait-t-il à Robert Koerner (Serment 317), pour combler le manque de combustible, j’allais chercher du bois mort sur les pentes du Mont-Valérien, malgré les patrouilles que je croisais. Les Allemands nous laissaient faire. Je venais régulièrement et un jour j’entendis un chant venant de la citadelle. C’était la Marseillaise. Aussitôt je repris le refrain en sifflant. Une voix m’interpella : “Dis donc petit gars, peux-tu prévenir ma famille, je vais être fusillé demain ”. Je pris mes jambes à mon cou pour rentrer chez moi prendre un papier et un crayon et noter le nom et l’adresse du courrier à faire parvenir.  Dès lors, tous les soirs  après   le travail, je me postais près de la chapelle et je sifflais la Marseillaise  afin qu’un condamné puisse me donner l’adresse de sa famille pour la prévenir du sort qui l’attendait. Malheureusement, je ne pus envoyer que onze lettres en prenant la précaution de les poster dans les communes environnantes afin de ne pas être reconnu. Mon grand-père, qui avait suivi l’histoire de près et sentant que je désirais m’impliquer davantage, m’amena à la gendarmerie de Rueil-Malmaison voir le commandant afin que je rentre dans un réseau structuré. A ma grande surprise, ils se tutoyaient et je commençais en vélo à porter des courriers dans les communes environnantes. Cela ne m’a pas paru bien compliqué de faire cela, j’avais 20 ans mais il y a une chose certaine, je ne pouvais supporter l’occupation de mon pays par ces nazis. » A partir de ce moment, Félix commence à  distribuer des tracts pour l’Organisation civile et militaire puis va accompagner des résistants à la frontière espagnole pour les passages en vue de rejoindre  les Forces  françaises libres …
Il est arrêté par la Gestapo le 27 mars 1943 lors d’un contact avec d’autres résistants.
D’abord incarcéré à Bayonne, il est transféré au Fort du Hâ à Bordeaux, puis c’est Compiègne et le départ, le 3 septembre 1943, vers Buchenwald puis Laura, avant un transfert vers Dachau et le kommando d’Allach où il travaille pour BMW…
Il retrouve la liberté le 27 avril 1945. De retour à Suresnes, il va faire carrière chez l’avionneur Dassault, son épouse Lucienne, avec laquelle il s’était marié en septembre 1946, étant elle chez le parfumeur Coty.
Engagé dés 1956 dans la mémoire  de Buchenwald, accompagnant, avec notre association, de nombreux voyages au camp, ne ménageant ni son temps, ni son argent, ni sa santé pour ce travail de mémoire, Félix était membre de la présidence d’honneur de notre association, et militant dans d’autres associations comme la FNDIRP ou l’UFAC. Il avait établi de fructueuses relations avec le commandement du 8e Régiment de transmissions installé à la forteresse du Mont-Valérien, à Suresnes. L’emblème de ce régiment est le seul de l’Armée française à porter la mention «Résistance 1940-1944» et l’un de ses officiers, le capitaine Louis Masson, a été déporté à Buchenwald. Membre du réseau Jade Amicol, il avait été arrêté en décembre 1943 et déporté en janvier 1944.
Rapidement repéré par la résistance clandestine du camp, il se vit confier au sein de la Brigade française d’action libératrice une section du génie, spécialisée dans la destruction des enceintes du camp. Depuis 1998, presque sans exception, le 8e RT est présent dans nos voyages d’avril à Buchenwald.
DD