Infatigable «passeur de mémoire », Vincent Garcia vient de disparaître, le 9 mai 2019, à l’âge de 94 ans à Trélissac (Dordogne). Il avait 12 ans quand, sous ses yeux, son père et son frère furent fusillés par les Franquistes. Comme beaucoup de familles de Républicains, il doit s’exiler, avec sa famille, en France. Interné au camp d’ Argelès, il se retrouve en 1942 en Dordogne pour travailler comme ouvrier agricole et intègre un réseau de la Résistance communiste comme agent de liaison. Arrêté après une dénonciation en décembre 1943, il est déporté à Buchenwald, le 22 janvier 1944. Il y reste 18 mois, notamment grâce à la solidarité qui avait pu le faire affecter aux cuisines du camp. Il en était revenu avec la ferme intention que personne n’oublie ces moments.
Chef de chantier dans le bâtiment et militant, il était fidèle à ses idéaux. Après avoir pris sa retraite, il avait entamé d’innombrables séances de témoignages dans les écoles. Il avait obtenu la Légion d’honneur il y a moins d’un an et une rue porte son nom à Trélissac. (voir Serment numéro 366). On peut écouter son très long témoignage sur le site http://memoires-resistances.dordogne.fr
témoignage : “J’étais au milieu des morts vivants” dit Vincent Garcia, déporté périgourdin dans le camp de Buchenwald
Une plaque à la mémoire des 13 femmes et hommes de Trélissac, en Dordogne, déportés pendant la seconde guerre mondiale va être inaugurée ce mardi soir. Un seul est encore en vie : Vincent Garcia, déporté à l’âge de 17 ans dans le camp de la mort de Buchenwald

C’est ce mardi soir qu’une plaque à la mémoire des 13 femmes et hommes de la commune de Trélissac, en Dordogne, déportés par les nazis entre 1939 et 1945 sera dévoilée. Parmi eux, un seul est encore en vie : Vincent Garcia, 92 ans aujourd’hui et déporté à Buchenwald alors qu’il avait 17 ans.
Ce résistant a désormais une rue à son nom à Trélissac.

Vincent Garcia a vécu une jeunesse difficile. Il rencontre la seconde guerre mondiale alors qu’il vit réfugié à Cadouin après avoir fui la guerre d’Espagne. Fin 1943 il est arrêté par la Gestapo à Cadouin, sur dénonciation. Envoyé à Limoges, Compiègne, puis déporté vers Buchenwald où il restera 16 mois.
Écoutez le témoignage de Vincent Garcia
En cette fin janvier 1944, quand il pose le pied dans le camp de Buchenwald, Vincent Garcia, ne se doute pas un seul instant de l’horreur qu’il va vivre.
“On vous donne un pantalon, une veste, et un béret. Et deux étiquettes pour votre identité : un numéro, et un triangle pour dire pourquoi vous êtes là” dit Vincent Garcia
Ce sera un triangle rouge pour lui et un numéro le 42 553. Vincent Garcia parcourt ses premiers mètres de le camp de la mort, jusqu’à son baraquement, passant, effaré, entre “des morts vivants” comme il dit et devant les cheminées des fours crématoires.
“On y croit pas… On rentre, on a la secousse, c’était des morts vivants, vous n’imaginez pas où vous êtes, ce n’est pas possible” explique Vincent Garcia
Pendant 16 mois, il va tenter de survivre, rejoignant la résistance interne au camp. Voyant mourir chaque jour ses co détenus.
La mort, partout
“Quand on est arrivés, on voyait la charrue avec les morts transportés au four crématoire. La politesse qu’on avait, c’est qu’on enlevait le calot, on saluait, et puis à force on n’enlevait plus le calot, on s’imprégnait, on attendait la mort, la mort devenait banale” explique Vincent Garcia.

Une mort qui le frôle le 10 avril 1945, veille de la libération du camp (Buchenwald s’est en quelque sorte auto libéré, puis l’armée américaine est arrivée). Il est choisi pour une marche de la mort, ces marches interminables destinées où mouraient d’épuisement les déportés. Mais évite le convoi mortel au tout dernier moment.
73 ans plus tard, Vincent Garcia n’a donc rien oublié. Il témoigne inlassablement. Mais s’inquiète de la montée des populismes en Europe.
“C’est inquiétant. Cela suffit, ce que j’ai vécu. J’ai peur que cela se reproduise, la paix elle est chère, la paix, la liberté” dit l’ex résistant.
Ce mardi soir à 19h, Vincent Garcia sera une fois de plus présent pour que personne n’oublie.
