José Fosty était Belge. né en 1919 Il avait fait des études aux Beaux-Arts de Saint-Luc, près de Liège. Blessé de guerre, il rencontre un autre peintre belge René Salme à l’hôpital militaire de Bruxelles.
Résistant ensuite, il est arrêté et déporté à Buchenwald en mars 1943. Il y retrouver René Salme en août et fait la connaissance d’un décorateur de théâtre français, Paul Goyard, arrivé en mai 1944.
Les dessinateurs de Buchenwald se retrouvent entre eux notamment au bloc 34 autour de Boris Taslitzky. Les plus âgés font des « cours » aux plus jeunes ; « nous formions comme une Académie » me dira José.
Avec Goyard, il crée un grand projet : constituer un diorama sur Buchenwald(scène en 3 dimensions). Pour cela, ils multiplient les points de vue du camp qu’ils dessinent.
Le diorama sera réalisé après guerre, montré en différents endroits avant de disparaître. Au camp, José fait aussi des croquis sur le vif, des portraits de ses camarades. Il écrit aussi des poèmes qui seront publiés dans l’Anthologie des Poèmes de Buchenwald rassemblés par André Verdet.
Après la guerre, travaillant à la poste, Fosty n’en continue pas moins à dessiner et peindre dans une veine surréaliste. Comme je lui demandais le lien entre sa nouvelle peinture et les sujets du camp, il me répondit « l’imminence d’une catastrophe ».
Lors d’une de mes visites, il me dit lire des récits de la guerre de 14-18, ajoutant « c’était pire que ce que nous avons connu. »
C’était un homme doux, d’une grande modestie. Ses peintures et dessins ont été exposés au Mémorial de Buchenwald en 2009 et au Palais Curtius de Liège en 2011.
Il est mort ce printemps 2015. Il reste pour moi l’incarnation de l’artiste.
Comme les fous de Dieu jadis savaient mourir,
D’autres fous de ce siècle devenaient des martyrs.
Élevant leurs drapeaux comme un vivant fanal
Ils sauront vivre et mourir pour que plus beau soit le bal.
La Forêt Enchaînée
Poème écrit à Buchenwald et publié dans l’Anthologie.
Marie-France Reboul
Source : Serment N°359