Joseph Nonnenmacher, déporté à Buchenwald et Dora
À 94 ans, l’homme continue de témoigner auprès de la jeunesse. Pour qu’on n’oublie pas. « Vous allez vivre l’histoire par celui qui l’a vécue », résumait en préambule à l’intervention de Joseph Nonnenmacher auprès des élèves de 3 e du collège public Marguerite-Thomas, M. Camels, qui l’accompagne.
Dix-huit moisJoseph Nonnenmacher a été déporté dix-huit mois. Cet Alsacien d’origine est venu vivre près de Limoges en 1939 avec sa famille « parce que le choix était : rester en Alsace et devenir Allemand ou venir à l’intérieur ».
Le 17 novembre 1943, il est arrêté et jeté en prison à Limoges ; « nous étions gardés par des SS et j’ai reçu beaucoup de coups ».
Il est transféré vers Compiègne et embarqué dans un train, « à 170 par wagon pendant deux jours et deux nuits ». Direction : le camp de Buchenwald. « En débarquant dans le camp, sous la neige, on a vu des montagnes de cadavres qui attendaient d’être brûlés. » Après avoir été débarrassé de ses habits, il revêtira comme ses compagnons « la tenue de bagnard avec le matricule 38730 ».
L’homme raconte ses journées dans le camp. Son travail dans une carrière à charger des pierres pour construire une voie ferrée, surveillé par des kapos. Les repas, enfin le peu de soupe et de croûtons de pain qu’ils avaient pour tenir. Une journée type, qui commence à 4 heures du matin pour se terminer à 23 heures. Il raconte, devant des collégiens attentifs et très émus. « Notre cerveau ne peut pas imaginer ce que l’homme a vécu », commente son accompagnateur.
En 1945, Joseph Nonnenmacher est envoyé dans un autre camp, Dora, « une représentation de l’enfer », un site affecté à la construction de missiles. Le 5 avril, le camp est évacué. Il raconte son errance sur les routes, « il fallait marcher, les traînards étaient tués par les SS ».
Un témoignage fort et émouvant pour les collégiens, dont certains participeront au concours national de la Résistance et de la Déportation qui a pour thème cette année, « S’engager pour servir la France ».