Les conditions de santé à Buchenwald

Dessin N°96 de Boris Taslitzky : "Pansement".
Dessin N°96 de
Boris Taslitzky : « Pansement ».

Elles sont catastrophiques. Se rendre à l’infirmerie de Buchenwald (le Revier en allemand), c’est quasiment signer son propre arrêt de mort.

L’infirmerie des premières années de Buchenwald fait tout, sauf soigner. Des milliers de prisonniers malades y seront victimes du sadisme des médecins SS et de leurs assistants, ou tout simplement assassinés par piqûre intracardiaque.

Au Revier de Buchenwald, et de tous les camps de concentration nazis d’une façon générale, les médicaments n’existent pas, en dehors de quelques cachets d’aspirine et quelques sulfamides, que les docteurs (eux mêmes déportés) réservent aux malades susceptibles d’être sauvés; quant aux pansements et bandages, ils sont en papier.

Les médecins SS et leurs assistants sont des criminels, des psychopathes qui se croient de grands scientifiques, des trafiquants d’or (sur ordre d’Himmler, les dents en or doivent être arrachées).

D’affreuses expériences médicales seront pratiquées à Buchenwald sur des cobayes humains auxquels on inocule de « nouveaux vaccins », l’objectif d’une telle barbarie étant de trouver des vaccins pour l’armée allemande contre les grandes épidémies.

Des programmes de recherche criminels sont conduits autour des bactéries du typhus, du choléra et de la diphtérie auxquels la société chimique IG FARBEN participera activement.

L’infirmerie de Buchenwald s’ouvre en 1938. Les noms des officiers SS Wagner, Müller, Hoven, Plaza, Schiedlausky s’inscrivent en lettre de sang dans l’histoire de l’infirmerie et de la pathologie de Buchenwald.

Certains de ces  » médecins  » ne sont même pas titulaires de leur thèse de médecine, et la feront rédiger par des médecins déportés : le Dr. Hessel Groeneveld, hollandais, résistant et membre de l’Eglise réformée hollandaise, (qui s’occupera également de l’infirmerie de Dora), et le Dr. Gustav Wegerer, résistant communiste autrichien.

Dessin N°52 de Boris Taslitzky : "Repos médical au block".
Dessin N°52 de Boris Taslitzky : « Repos médical au block ».

Comme dans le reste du camp, l’infirmerie est pendant les premières années d ‘existence du camp, aux mains des verts, aux ordres des chefs SS.
Les rouges parviendront finalement à les chasser, contribuant ainsi à une amélioration de l’enfer médical de Buchenwald. Il s’agit de Walter Krämer, résistant communiste allemand, tourneur de métier, doué d’un formidable sens de l’organisation et d’un dévouement sans faille, qui sera sauvagement assassiné par les nazis dès 1941; d’Ernst Busse, député communiste allemand, et d’autres encore, dont des prisonniers français, pour leur succéder dans cette tâche inhumaine qu’est la gestion de cette antichambre de la mort.

Les conditions d’accueil et de vie de l’infirmerie s’amélioreront, et grâce à l’ingéniosité et aux courage de certains, des milliers de vies seront sauvées.

Marcel Paul, résistant communiste, Secrétaire du Comité des Intérêts Français (CIF) et membre du Comité International de Résistance de Buchenwald, obtient des SS que les détenus trop malades puissent rester dans leur baraquement grâce à un  » billet de repos  » (un Schonungszettel).

Ce  » repos » transformera pour bien des déportés leur mort certaine en sauvetage inespéré, grâce à un  » absentéisme organisé sur une échelle relativement grande, (qui) désorganisait la production dans les Kommandos travaillant pour l’industrie de guerre « . ( » Les Français à Buchenwald et à Dora « , Pierre Durand, éditions sociales, 1977).

La résistance organisée de déportés à l’intérieur du camp réussit même à monter une salle d’opérations dans la plus grande clandestinité en volant des instruments chirurgicaux et des médicaments aux SS.

Le Revier sera un haut lieu de résistance humaine et politique.

 

Dessin N°16 de Boris Taslitzky : "Le block 51 et le block des "cobayes humains".
Dessin N°16 de Boris Taslitzky : « Le block 51 et le block des « cobayes humains ».

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