Le camp de Dora

DORA : DU KOMMANDO DE BUCHENWALD AU CAMP AUTONOME DE MITTELBAU

La complexité de l’histoire de Dora

On peut résumer à grands traits l’histoire de Dora, mais la réalité, comme on le verra plus loin, est nettement plus complexe.

1/ À la fin d’août 1943, un premier Kommando d’une centaine de détenus arrive de Buchenwald au pied de la colline du Kohnstein, près de Nordhausen, au sud du Harz. Il s’agit d’aménager un site souterrain existant pour y installer une usine de fabrication de V2, encore connues sous le nom de fusées A4. Pendant plusieurs mois, d’autres “transports” amènent des milliers d’autres détenus de Buchenwald à Dora, de manière à maintenir un effectif de 12 000 travailleurs, en dépit d’une très forte mortalité. À partir de janvier 1944, la production commence dans une usine qui ne sera achevée qu’au printemps. Elle appartient à la société d’État Mittelwerk, sous la tutelle du ministre de l’Armement Albert Speer.

La priorité absolue étant donnée à l’aménagement et à la mise en route de l’usine, le camp de Dora reste rudimentaire jusqu’en mars 1944. La plus grande partie des détenus est logée dans le ‘Tunnel de Dora” lui-même, sur des châlits installés dans des galeries appelées “dortoirs” par dérision, dans des conditions épouvantables. Ce n’est qu’en mai 1944 que les derniers d’entre eux rejoignent le camp extérieur qui vient d’être terminé. Jusqu’à l’évacuation d’avril 1945, le camp de Dora et l’usine du Tunnel resteront étroitement associés.

2/ En avril 1944, le général SS Hans Kammler, qui a dirigé avec une brutale efficacité les travaux à Dora, reçoit la responsabilité d’enterrer la production aéronautique allemande, et commence à faire creuser des souterrains dans diverses régions du Reich, en utilisant la main-d’œuvre concentrationnaire. Trois des plus importants chantiers sont ouverts dans la colline du Kohnstein, de part et d’autre du Tunnel de Dora, et dans la colline voisine du Himmelberg. Les détenus, envoyés de Buchenwald, sont logés dans de nouveaux camps créés à Ellrich et à Harzungen.

3/ D’autres chantiers, confiés à deux “Baubrigaden” de détenus amenées sur place, sont ouverts en même temps. Ils ont pour objectif la construction d’une ligne ferroviaire joignant Herzberg à Nordhausen, et passant au sud de Dora. Des camps de base sont établis dans le village de Wieda et dans un bâtiment d’EHrich connu comme “Ellrich-Théâtre”.

4/ À partir de l’été de 1944, le nombre de Kommandos se multiplie dans les environs de Dora. Certains d’entre eux sont des dépendances de l’usine du Tunnel, comme celui de Kleinbodungen, d’autres sont affectés à des travaux souterrains, comme celui de Blankenburg, d’autres travaillent pour l’industrie aéronautique, comme celui de Rottleberode.

5/ Le camp de Dora, les camps d’ENrich et de Harzungen et les divers Kommandos du voisinage, présentent deux caractéristiques communes au milieu de 1944. La première est d’être approvisionnés en main-d’œuvre concentrationnaire, d’une manière constante, par le seul camp de Buchenwald. La seconde est de constituer progressivement un vaste ensemble cohérent autour du camp de Dora. La cohérence est assurée par les mouvements incessants de détenus entre les diverses parties de cet ensemble. Elle vient aussi de l’existence à Dora d’équipements communs comme la prison, le Revier… et le crématoire. La prééminence de Dora est incontestée.

6/ À l’automne de 1944, l’usine du Tunnel de Dora a pris en Allemagne une importance de premier plan. La fabrication en série de la version définitive des V2 a commencé en juillet, et les tirs sur Londres et sur Anvers en septembre. Ils se poursuivront jusqu’en mars 1945. La fabrication des VI a été aussi concentrée dans le Tunnel, à l’emplacement des anciens “dortoirs”.

La direction de la SS décide de faire de l’ensemble de Dora un camp autonome sous le nom de Mittelbau, à compter de novembre 1944. Mittelbau est divisé en trois parties inégales. Les deux Baubrigaden sont rattachées à Ellrich. Harzungen reste à part. Tous les autres Kommandos sont rattachés à Dora. À l’époque, ces changements de statut sont ignorés de la quasi-totalité des détenus. Aujourd’hui encore le terme de “Mittelbau” n’évoque rien aux anciens détenus qui, dans les divers pays, continuent de parler de Dora pour désigner l’ensemble.

La seule innovation visible est l’immatriculation nouvelle des détenus arrivant à partir de novembre. Les détenus anciens conservent leur numéro matricule de Buchenwald. Une nouvelle série, au-dessus de 100 000, est ouverte pour les nouveaux venus.

7/ Les nouveaux venus sont surtout, en février 1945, des détenus venant d’Auschwitz, puis du camp silésien de Gross Rosen, dans des conditions dramatiques. Les “évacuations” ont eu lieu en convois ferroviaires, en plates- formes découvertes, en plein hiver. À l’arrivée, il y a beaucoup de morts et de moribonds.

8/ Au début de 1945, un nouveau camp est ouvert à la Boelcke Kaserne, dans Nordhausen. Après quelques semaines, on y regroupe des détenus inaptes au travail en vue de “transports” vers le camp “de repos” de Bergen- Belsen. Un tel transport a lieu le 6 mars 1945. Au moment où la ville de Nordhausen est bombardée les 3 et 4 avril, il y a encore plusieurs milliers de détenus sur place.

9/ Les 4 et 5 avril, l’ensemble des camps et des Kommandos de Mittelbau fait l’objet d’opérations d’évacuation. En dehors de la Boelcke Kaserne, il ne reste que quelques centaines de malades graves au Revier de Dora. Une grande partie des convois aboutit à Bergen-Belsen, faute d’avoir pu transférer les détenus à Neuengamme. D’autres vont jusqu’à Sachsenhausen ou Ravensbrück. Une partie des évacuations s’opère en “marches de la mort”. Il y a de nombreuses victimes, avec des épisodes dramatiques, comme celui de la grange de Gardelegen.

Les suites du bombardement de Peenemünde et le Kommando de Laura

La décision de fabriquer la fusée A4 dans le site souterrain du Kohnstein, en utilisant uniquement de la main-d’œuvre concentrationnaire aux côtés de civils allemands, avait été prise par Hitler après le bombardement de la base de Peenemünde dans la nuit du 17 au 18 août 1943. C’est là que la fusée avait été mise au point par Wernher von Braun et son équipe, et qu’elle allait être fabriquée.

Après le bombardement par l’aviation britannique, les installations de Peenemünde devaient être dispersées, ce qui ne fut qu’en partie réalisé, car von Braun demeura finalement sur place avec les services de recherche. La fabrication de la fusée fut transférée à Dora, et un centre d’essai des chambres de combustion fut construit dans une ardoisière de Thuringe, à Lehesten, en même temps qu’on aménageait le Tunnel de Dora. On fit appel pour cela à un autre Kommando de Buchenwald, connu sous le nom de Laura. Quand le centre d’essai de Lehesten fut terminé, une partie des détenus de Laura fut transférée dans le complexe de Dora. C’est le seul lien entre les deux Kommandos. À la différence de Dora, Laura a dépendu de Buchenwald jusqu’en avril 1945.

L’utilisation des codes

Lutilisation de termes variés, prénoms, noms d’animaux ou de minéraux, etc., ou d’associations de chiffres et de lettres, a été générale durant cette période pour désigner des lieux, des camps, des chantiers. Aussi bien la fabrication des armes secrètes que le système concentrationnaire poussaient à l’utilisation d’un langage codé. Les noms de Dora et de Laura en sont des exemples. On en trouvera bien d’autres plus loin.

Les Kommandos de Karlshagen et de Wiener Neustadt

Les détenus envoyés de Buchenwald à Dora à partir d’août 1943 n’étaient pas les premiers à travailler pour la fusée A4. Déjà en juin et juillet 1943, des “transports” avaient eu lieu entre Buchenwald et Peenemünde, pour constituer un Kommando désigné comme celui de Karlshagen, un village voisin (toujours le secret I). Après le bombardement de Peenemünde, ces détenus sont ramenés à Buchenwald en octobre 1943, et immédiatement envoyés à Dora. Ils sont remplacés à Karlshagen par de nouveaux détenus venant cette fois de Sachsenhausen.

En Autriche, en juin 1943, un Kommando du camp de Mauthausen avait été envoyé dans une usine à Wiener Neustadt. Les détenus de ce Kommando sont en partie transférés en novembre 1943 à Buchenwald, puis à Dora.

Les transports vers Maidanek et Bergen-Belsen

À trois reprises, au premier trimestre de 1944, des convois ferroviaires ont transporté un millier de détenus malades de Dora vers des camps dits “de repos”, qui étaient en janvier et février celui de Maidanek (en Pologne), et en mars celui de Bergen-Belsen. La plus grande partie de ces détenus ont disparu soit au cours du transport, soit après l’arrivée.

Les chantiers du Sonderstab Kammler

Les travaux destinés à enterrer l’industrie aéronautique allemande, à partir du printemps de 1944, ont été supervisés par un nouvel organisme SS, le Sonderstab (état-major spécial) Kammler. Beaucoup de grands camps (Neuengamme, Buchenwald, Flossenbürg, Dachau, Natzweiler, Mauthausen) ont créé alors pour cela des Kommandos, souvent importants. Le codage des chantiers était constitué d’une lettre, A ou B, suivi d’un chiffre.

Dans le voisinage de Dora, trois grands chantiers de creusement souterrain sont ouverts, le B 3, le B 11 et le B 12. Le B 3 est sous la colline du Himmelberg, au nord du Kohnstein ; le B 11 est sous le Kohnstein, à l’est du Tunnel de Dora, et le B 12 à l’ouest. On donne le nom de B 13 à des aménagements en surface entre le B 3 et le B 12. Un chantier plus petit, le B 17, démarre ensuite plus à l’ouest. Des noms de code sont choisis en fonction des caractéristiques ou des utilisations ultérieures. On a ainsi Anhydrit et Hydra pour le B 3, Zinnstein (cassitérite), Kuckuck (coucou), Eber (sanglier) et Schildkrôte (tortue) pour le B 11, et Kaolin pour le B 12.

Au sud-est de Nordhausen, à Stempeda, s’ouvre aussi le chantier de creusement B 4. Il est différent du chantier voisin A 5, qui consiste à aménager une grotte naturelle, la Heimkehle, pour abriter des ateliers de Junkers.

La main-d’œuvre concentrationnaire est logée dans des camps voisins, Harzungen, Ellrich et Woffleben, Rottleberode, et aussi Dora.

Le camp de Harzungen

Le camp de Harzungen, constitué d’un certain nombre de baraques d’un type banal, est édifié au début de 1944 aux lisières d’un petit village à l’est de Nordhausen. Il semble avoir été destiné d’abord à des civils allemands de Mittelwerk, puis affecté en mars 1944 à des détenus travaillant au chantier de creusement du B 3.

Ceux-ci sont d’abord des nouveaux venus envoyés de Buchenwald après l’arrivée de nouveaux convois, puis des détenus de Dora rendus libres par l’achèvement de la construction du camp. Le travail au B 3 est très dur, mais les conditions de vie au camp sont meilleures que dans le camp d’ElIrich.

Les camps d’ElIrich et de Woffleben

Le camp d’ElIrich a été ouvert en mars 1944 en même temps que celui de Harzungen, à proximité de la gare de cette petite ville. Quand c’est nécessaire, on précise “Ellrich-Gare” pour ne pas confondre avec le camp d’”Ellrich-Théâtre” dont il sera question plus loin. Il s’agit au départ d’une petite friche industrielle, avec des bâtiments anciens d’une fabrique de plâtre. Après plusieurs mois, on complète le camp par des baraques banales, mais les conditions de vie demeurent détestables jusqu’au bout.

Les détenus se répartissent entre les différents chantiers du voisinage, le B 12 et le B 11, le B 3 et le B 13, et le B 17. Le travail est très dur partout et les conditions du transport entre le camp et ces chantiers sont pénibles. Au bout de quelques mois, la mortalité est élevée et un nombre important de détenus, inaptes au travail, demeurent totalement démunis dans le camp.

La situation s’améliore en janvier 1945 pour un certain nombre de travailleurs du B 12, qui peuvent s’installer dans un petit camp construit à Woffleben, à proximité du chantier.

Rottleberode et Stempeda

Le camp correspondant au A 5, c’est-à-dire l’usine Junkers établie dans la Heimkehle, se trouve au nord du village de Rottleberode. Il a été ouvert au printemps de 1944 et son nom de code est Heinrich. Les détenus sont venus d’abord du Kommando de Schônebeck, près de Magdebourg. Situé à proximité d’une autre usine Junkers, ce Kommando dépend de Buchenwald.

Le Kommando de Stempeda, au nord de Rottleberode, correspond au chantier de creusement B 4. Il paraît avoir été constitué de Juifs hongrois.

Les Baubrigaden et le Helmetalbahn

Au printemps de 1944, pour faciliter la circulation ferroviaire au sud du Harz, où s’ouvrent de nouvelles usines et de nouveaux chantiers, on reprend les plans d’une ligne directe qui n’avait jamais été construite entre Herzberg et Nordhausen, en suivant la vallée de la rivière Helme, d’où le nom de Helmetalbahn.

On fait venir pour cela des Baubrigaden, des brigades mobiles de détenus, dépendant de Sachsenhausen, spécialisées dans les travaux publics, et dans les déblaiements dans les villes bombardées. Ce sont la BB 3 et la BB 4, qui étaient stationnées à Cologne et dans la Ruhr. Elles arrivent en mai 1944.

La BB 3 à Wieda, Osterhagen, Nüxei et Mackenrode

La Baubrigade 3 établit son camp central à Wieda, un village du sud du Harz. Trois chantiers de travaux sont ensuite mis en route, et les détenus sont logés dans des bâtiments agricoles à Osterhagen, Nüxei et Mackenrode. Le petit camp de Wieda sert de relais avec le camp de Dora, pour l’administration et le Revier. C’est Dora qui assure le renouvellement des effectifs de la BB 3.

La BB 4 à Ellrich-Théâtre et Günzerode

La Baubrigade 4 a son camp central dans un bâtiment d’ElIrich, le Bürgergarten, connu en français comme Ellrich-Théâtre, pour le différencier du camp d’Ellrich-Gare, beaucoup plus important. Le chantier de travaux est à Günzerode et les détenus sont logés dans une grande bergerie. Le camp d’Eilrich-Théâtre a la même fonction que celui de Wieda par rapport au camp de Dora.

Kleinbodungen, Rossla, Kelbra

Au milieu de 1944, au moment où l’usine du Tunnel de Dora passe à la fabrication en série de la version finale des A4/V2, des dépendances de Mittelwerk s’établissent dans la région de Nordhausen, à proximité de voies ferrées. La main-d’œuvre est constituée de détenus envoyés de Dora.

Au sud, à Kleinbodungen, près de Bleicherode, dans les installations de surface d’une mine désaffectée, on installe un vaste atelier de démontage de fusées inutilisées ou endommagées. Les éléments intacts et encore valables sont remis dans le cycle de production, comme les travailleurs de l’usine le constatent en voyant réapparaître des anciens numéros de série de certains instruments. Le nom de code du camp correspondant est Emmi.

À l’est de Nordhausen, à Rossla et à Kelbra, on entrepose des produits destinés à la fabrication des fusées, des tôles par exemple.

Les Kommandos de Blankenburg et d’Osterode

Au cours du deuxième trimestre de 1944, les SS multiplient le nombre des Kommandos, dans la zone au sud du Harz comme un peu partout dans le Reich. On voit ainsi apparaître deux Kommandos à Blankenburg et deux autres à Osterode.

À Blankenburg, il s’agit d’agrandir et d’aménager les galeries d’une mine désaffectée pour les transformer en usine souterraine. Le chantier dépend de l’Organisation Todt et non du Sonderstab Kammler. Un camp est établi à Oesig, à l’ouest de Blankenburg, et son nom de code est Klosterwerke. Il est ouvert en août 1943.

Un autre camp est établi en janvier 1945 à Regenstein, une colline située au nord de Blankenburg. Son nom de code est Turmalin, le nom d’une roche connue. Les détenus sont des Juifs évacués du Kommando de Fürstengrübe, dépendant d’Auschwitz.

Le camp d’Osterode-Petershütte correspond au projet Dachs IV. Il s’agit de travaux souterrains de l’Organisation Todt pour le raffinage d’huile minérale.

Un autre camp, celui d’Osterode-Freiheit, est connu comme Heber. Il est annexé à des ateliers d’équipements aéronautiques.

Les structures de Mittelbau

Les camps de Dora, d’EHrich et de Harzungen, et les Kommandos voisins constituent un ensemble très intégré au moment où cet ensemble est transformé en un grand camp autonome, en octobre 1944, sous le nom de Mittelbau.

Mittelbau comprend trois parties : Erich, Hans et Dora. Le nom de code Erich correspond au camp d’ElIrich, auquel on a rattaché les deux Baubrigaden 3 et 4. Le nom de code Hans s’applique au seul camp de Harzungen. Dora comprend, en dehors du camp même de Dora, tous les autres Kommandos du voisinage, ceux de Rottleberode et de Stempeda, ceux de Kleinbodungen, de Rossla et de Kelbra, ceux de Blankenburg et d’Osterode. Les noms d’Erich et de Hans ne sont connus que de quelques détenus travaillant dans des bureaux.

Les nouveaux venus à Mittelbau

Les nouveaux venus arrivent à la suite d’opérations d’évacuation, parfois ordonnées, mais généralement dramatiques, comme les évacuations des camps d’Auschwitz et de Gross Rosen en janvier-février 1945.

Ceux qui arrivent de Gross Rosen sont soit des anciens de ce camp, en particulier des Polonais, soit des détenus transférés là d’autres camps dans les semaines précédentes : otages communistes français d’Auschwitz, NN français venant de Neuengamme, NN belges venant de la prison de Gross Strehlitz.

Certains Kommandos sont transférés en bloc, comme celui de Fürstengrübe, déjà cité, qui constitue le Kommando de Blankenburg-Turmalin. Un Kommando, exceptionnellement pour Mittelbau, est évacué de l’ouest, et non de l’est. Il s’agit de celui de Dernau/Ahr, en Rhénanie, qui dépendait de Natzweiler/Struthof, et fabriquait des véhicules spéciaux pour le transport des V2. Son nom de code était Rebstock (cep de vigne). Il est transféré à Artern, au nord-est de la Thuringe, où son nom de code est Adorf.

Des Kommandos nouveaux, souvent mal connus, sont implantés dans les environs de Bleicherode, dans d’anciennes mines de sel, par exemple à Sollstedt.

Dans les dernières semaines, un Kommando de jeunes Juives est installé à Grosswerther, près de Nordhausen.

La Boelcke Kaserne de Nordhausen

En janvier 1945, les SS réquisitionnent les garages d’une ancienne caserne de chars, la Boelcke Kaserne, située dans la partie sud de Nordhausen, au-delà de la rivière Zorge. Ils en font un petit camp pour loger des détenus de Dora travaillant dans des entreprises de la ville ou au chantier du B 11.

La destination du site est modifiée en février 1945 après l’arrivée des convois d’évacuation d’Auschwitz et de Gross Rosen. Il y a alors un nombre important de malades et d’inaptes au travail dans le camp de Dora et les camps voisins, et on décide de les rassembler à la Boelcke Kaserne, avant d’organiser des “transports” vers Bergen Belsen. Lun de ceux-ci part le 6 mars avec 2 252 malades qui disparaîtront en quasi-totalité. La moitié était déjà sur place, l’autre venait d’arriver du camp d’EHrich.

Avant et après ce convoi, la mortalité est élevée et il y a sur place de nombreux moribonds au moment où la Boelcke Kaserne est atteinte par les bombardements de Nordhausen des 3 et 4 avril 1945. Au moment où les premières troupes américaines arrivent sur les lieux le 11 avril, ils trouvent quelque 2 000 cadavres, dont une partie a été touchée par les bombardements. Ils trouvent aussi des survivants, blessés ou non. D’autres sont dispersés dans les parages.

Le même jour, ils découvrent aussi le camp de Dora, mais il est vide, en dehors de ceux des malades qui sont restés au Revier au moment de l’évacuation. Le choc de la découverte de la Boelcke Kaserne a été tel que, pour de nombreux auteurs anglo-saxons, cet ensemble concentrationnaire est resté connu sous le nom de Nordhausen, et non de Dora (ou de Mittelbau).

Les évacuations vers Bergen-Belsen

Au début d’avril 1945, les instructions du commandement SS d’Oranienburg sont d’évacuer par convois ferroviaires les détenus de Dora et des camps voisins vers le camp de Neuengamme, près de Hambourg. Un certain nombre de convois parviennent jusque-là, puis sont déroutés vers Bergen-Belsen et aboutissent dans des casernes au nord de ce camp.

Sont concernés la majorité des détenus de Dora et d’EUrich, ceux de Woffleben, et une partie de ceux de Harzungen. Les détenus de Karlshagen, qui venaient d’arriver à Ellrich après un long transport, se retrouvent aussi à Bergen-Belsen, ainsi que ceux de Kleinbodungen, au terme d’une longue marche.

La libération par les Britanniques intervient le 15 avril.

Les évacuations vers d’autres camps

Les détenus du dernier convoi parti de Dora, après diverses vicissitudes, arrivent le 14 avril dans une annexe du camp de femmes de Ravensbrück. Une partie de leurs camarades, laissés à Osterode, ont été libérés à Münchehof le 9 avril.

Le dernier convoi parti d’EMrich, avec de nombreux malades, parvient à Oranienburg le 16 avril. C’est également à Oranienburg, ou Sachsenhausen, qu’arrivent à pied ceux du Kommando de Rossla et une grande partie de ceux de Rottleberode. Ceux de Kelbra aboutissent à Wobbelin, au sud de Schwerin, un Kommando dépendant de Neuengamme.

La traversée de l’Oder par les Soviétiques le 16 avril provoque l’évacuation de Sachsenhausen le 21 avril, dans des conditions souvent dramatiques. Celle de Ravensbrück, le 26 avril, est moins éprouvante. La libération des uns et des autres intervient au début de mai dans l’ouest du Mecklembourg. Des malades ont été libérés à Sachsenhausen, Ravensbrück et Malchow.

La tragédie de Gardelegen

Le 11 avril 1945, deux convois se trouvent immobilisés près de la petite ville de Gardelegen, dans l’Altmark. L’un transporte des détenus de Rottleberode et de la Baubrigade 4, d’EMrich-Théâtre, l’autre les détenus de la Baubrigade 3, qui avaient été regroupés à Wieda.

Le chef SS local décide de les rassembler dans une grange le 13 avril, et d’y mettre le feu. Il y a 1 016 victimes et seulement 8 survivants. D’autres détenus ont été tués dans les environs. Un petit nombre sont parvenus à se cacher.

Des libérations dispersées

Certaines évacuations ont alors des histoires compliquées. Les détenus de Blankenburg-Oesig et de Blankenburg-Regenstein vont ainsi à pied jusqu’à Magdebourg, puis en péniche jusqu’à Lubeck, puis à pied jusqu’à une ferme dans le Holstein. Un certain nombre d’entre eux y sont récupérés par la Croix-Rouge suédoise et emmenés en Suède.

Les détenus, nombreux, qui ont quitté Harzungen à pied, sont libérés, soit par les Américains au sud de Magdebourg, soit par les Soviétiques au nord de Wittenberg, et jusque dans les Sudètes.

Le Kommando d’Osterode-Freiheit, parti à pied, est libéré par les Américains au sud de l’Elbe. Ceux d’Artern sont entraînés jusqu’en Bohême. Le Kommando de Grosswerther se retrouve à Mauthausen

(Source : le livre Mémorial de l’AFBDK)

3 commentaires sur “Le camp de Dora

    • Mon père Henri Dubois matricule 41791 était à Blanckenbourg et a été libéré par la croix rouge Suédoise embarqué sur le Lillie-Matthiessen débarqué à Trelleborg il a été ensuite dans un village suédois Rissby.

  1. mon pére; Tamisier Lucien .matricule 22797 décédé le 27.02.1944 au camp de concentration Mittelbau dora à Buckenwall Etant sa fille quel sont mes droits?

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