LA VIE A DORA

Dora. 10 mars 1945″
La priorité absolue est la poursuite de la fabrication souterraine des fusées V1 et V2, et non la construction d’un nouveau camp destiné à recevoir les déportés.
C’est pourquoi les conditions de vie des déportés de Dora dépasse l’imagination.
L’arrivée à Dora est un choc encore plus important que l’arrivée à Buchenwald.
Aucune lumière dans ce tunnel, l’humidité qui suinte des roches, des flaques d’eau partout sur le sol, une puanteur rapidement effroyable, un bruit d’explosion et de marteaux piqueurs en permanence, celui des hurlements des SS et des aboiements des chiens démultipliés par la résonance, et le travail vingt quatre sur vingt quatre par équipe de jour et de nuit de douze heures, enfin une poussière qui empêche de voir et de respirer correctement.
Pas d’eau courante, rien d’autre à boire que le liquide faisant office de soupe, pas moyen de se laver, les latrines sont des tonneaux de bois coupés en deux, ce qui accroît le risque de typhus et de dysenterie.
Dans ces galeries souterraines s’entassent dix mille hommes qui ne connaissent plus ni le jour ni la nuit. Lorsqu’ils dorment, ils s’entassent comme des lapins sur des châlits de bois grouillant de poux, ou à même le sol, souillé d’excréments. Tout moisit, tout croupit, tout pourrit.
Dora ressemble aux entrailles de la terre.
