Le kommando de NIEDERORSCHEL

Localisation : à 90 km au nord-ouest de BUCHENWALD ; à 35 km au sud-ouest de NORDHAUSEN (Carte N°5)

Ouverture : 04/09/44

Évacuation : le 01/04/45 au soir ; arrivée à BUCHENWALD le 10/04/45 au soir

Effectifs : jusqu’à 800, dont une grande majorité de Juifs (dont quelques enfants), en grande partie venus des camps de Silésie ; parmi les détenus, une dizaine de Français

Activités : Firme LANGEN ; usinage de pièces et assemblage d’avions JUNKERS

C’est dans une usine de contreplaqué et une fabrique de tissage, réquisitionnées par les nazis, que fut installée une usine d’usinage et de montage d’avions JUNKÉRS. On ne construisit pas de baraques pour les détenus ; ceux-ci étaient logés dans les locaux de l’usine, près de leurs lieux de travail. L’usine jouxtait les dernières maisons du bourg de Niederorschel, près de la gare.

La nourriture était, selon un grand nombre de témoins, tout à fait insuffisante. Un certain nombre de déportés, déjà affaiblis par des séjours antérieurs dans d’autres camps étaient épuisés et souffraient de nombreuses maladies. On ne connaît pas le nombre exact de morts. On a pu seulement, sur une courte période (44 jours en Décembre/Janvier), identifier 20 morts incinérés à Mühlhausen. Par ailleurs, il y eut deux transferts de 200 détenus environ vers Langenstein-Zwieberge comportant, selon un témoin, de nombreux malades.

Le travail hebdomadaire était de 78 heures (12 heures par jour, et 6 heures le Dimanche). Toutefois, selon un certain nombre de témoignages, le travail n’était pas trop dur, pour plusieurs raisons : travail à l’abri des intempéries, incompétence de certains civils de l’encadrement (certains bouchaient les trous), laisser-aller. Enfin il semble qu’aucun avion ne partit jamais de la gare, du moins dans les derniers mois, en raison de la paralysie des transports, ce qui peut-être améliora le moral des détenus. Toutefois, vers la fin, l’usine ne fonctionnant pratiquement plus, certains détenus furent utilisés pour des travaux agricoles (ramassages) pénibles, dans le froid.

Sur le comportement des SS et des civils allemands, les témoignages sont très diversifiés. Plusieurs cas de sévices sont rapportés, tant de la part des premiers que des seconds. D’autres témoignages, au contraire, font état de relations humaines correctes, voire de gestes de compassion, ou encore de troc, les détenus fabriquant des objets pour les gens du village, en échange de nourriture.

Un grand nombre de témoins rendent hommage à Otto Herrmann, le kapo, communiste allemand interné depuis 1939. Ils considèrent qu’il a beaucoup contribué à améliorer le sort de ses camarades, en raison de son influence sur les SS ; c’est ainsi que c’est vraisemblablement grâce à lui que les appels aient eu heu à l’intérieur de l’usine, et non à l’extérieur, dans le froid.

L’évacuation, le soir du 1er Avril 1945, commença dramatiquement, par une marche forcée. Puis la situation s’améliora, en raison de haltes plus fréquentes et du transport des plus affaiblis en charrette. H y eut cependant beaucoup de morts ; on les estime à 50 sur 450, ce qui semble vraisemblable. Par ailleurs, plusieurs évadés furent repris et exécutés. Subitement, le 6 Avril, le convoi s’arrêta pendant 4 jours à 15 km de Buchenwald, évitant ainsi aux déportés le risque de repartir de Buchenwald dans des marches de la mort. On n’a jamais très bien su pourquoi on a semblé ainsi “ attendre les Américains ”. Arrivés le 10 au soir à Buchenwald, les rescapés furent libérés le 11, comme leurs camarades du camp.

(in Le Livre Mémorial de l’Association Française Buchenwald Dora et Kommandos)

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