Le kommando de SCHÖNEBECK

Autres appellations : JULIUS, SIEGFRIED

Localisation : à 20 km au sud-est de MAGDEBURG (Carte N°1)

Ouverture : 19/03/43

Évacuation : 11/04/45 vers SACHSENHAUSEN puis vers le nord- ouest; libération le 4 Mai par les Américains Effectifs : jusqu’à 1600 environ, dont 500 Français Activités : Firme JUNKERS, fabrication de pièces d’avions

Choisis parmi des professionnels qualifiés, les détenus fabriquaient des pièces pour les avions JUNKÉRS. Il s’ajoutait des travaux de déblaiement après les fréquents bombardements. Les horaires étaient de 12 heures par équipe (jour et nuit), avec deux poses d’une durée maximum de trois quarts d’heure. Vers la fin, on travailla le Dimanche. Si les témoignages indiquent que le travail en soi n’était pas trop dur, ils insistent sur la dureté de l’encadrement des civils allemands, qui n’hésitaient pas à frapper. Il y avait également, selon certains témoignages, d’autres travailleurs, des volontaires flamands et des STO, avec lesquels les rapports étaient souvent tendus. Les Français procédèrent le plus possible à un ralentissement et un sabotage discret de la production. La compétence professionnelle, mais surtout l’esprit de cohésion et de résistance les facilita.

Les conditions de vie étaient celles de la norme des kommandos : le froid, la faim, les appels prolongés. Des témoignages font état de sévices de la part des SS et des kapos.

Des témoins pensent que la vie a pu être relativement moins dure que dans d’autres kommandos du fait que la direction du camp (commandant et adjoint) n’appartenait pas à la SS. De même, les gardiens sans grade étaient d’anciens soldats de la DCA, dotés seulement vers la fin de l’écusson SS. Cela n’empêche pas que, vers la fin, les détenus furent requis pour creuser de grandes fosses, dont on se demande à quoi elles auraient pu servir !

Certains détenus français tentèrent aussi d’améliorer les conditions de vie en fabriquant clandestinement des objets utilitaires (briquets, pelles, etc.) qu’ils échangeaient avec les civils allemands contre nourriture ou tabac.

Mais ce qui permit surtout aux Français se survivre, ce fut l’organisation et la solidarité qu’ils développèrent entre eux. Deux blocs étaient constitués en totalité par des Français. On organisa des distractions, on arriva à chanter la Marseillais, on organisa la solidarité, même auprès des autres nationalités. Un témoin raconte que, lorsque les difficultés alimentaires augmentèrent, en Janvier 1945, les Français imposèrent d’organiser une distribution équitable. Enfin, il y eut à Schônebeck une antenne du Comité de Défense des Intérêts Français de Buchenwald.

Si la mortalité fut très faible sur le lieu même du kommando, c’est que la plupart des malades furent réexpédiés sur Buchenwald, où, très vraisemblablement, un grand nombre mourut, soit pendant le voyage, soit exécutés ou morts d’épuisement à Buchenwald.

L’évacuation débuta le 11 Avril au soir, alors qu’on entendait le canon tonner. Le départ se fit, à pied, dans la plus grande pagaille, du fait, semble-t-il, de l’insuffisance des effectifs SS. Environ un quart des détenus décidèrent de s’évader, avant le passage de l’Elbe, à une dizaine de kilomètres; parmi eux, environ 130 Français. Ils purent gagner les lignes américaines quelques jours plus tard. Par contre, ceux qui restèrent, soit environ 1100, effectuèrent une marche à pied épuisante de 500 km pendant 23 jours, probablement une des marches de la mort les plus longues et les plus meurtrières. D’abord dirigés sur Sachsenhausen, où ils furent rejoints par les évacués de ce camp, ils furent ensuite dirigés vers le nord-ouest vers Parchim, où ils furent libérés par les Américains le 4 Mai. Ils n’eurent pendant cette marche qu’une ration alimentaire de 600 calories environ. Au moins 600 détenus sur les 1100, dont 200 Français, périrent épuisés ou abattus.

(in Le Livre Mémorial de l’Association Française Buchenwald Dora et Kommandos)

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