En 1939, Louis GRAVOUIL a 18 ans. Il assiste en juin 1940, au défilé des troupes allemandes à Saint-Nazaire. Cela détermine sa volonté de refus, puis son engagement dans la Résistance. Son arrestation survient le 3 août 1942. Son témoignage est fort, concret et bouleversant ; il restitue avec sincérité et spiritualité ce qu’il a vécu en déportation jusqu’à son retour le 24 mai 1945, jour où sa propre mère ne reconnaît pas cet être décharné qui se présente à sa porte. Soutenu par son épouse tout au long de sa vie, il décide de raconter son enfer et de le dédier à la mémoire de tous nos héros et martyrs du fascisme, affamés, torturés, exécutés, dans les camps de la mort et dans les combats de la Résistance, pour la libération de la France, pour les libertés démocratiques et la paix.
Biographie de l’auteur
Louis GRAVOUILest né le 25 mai 1921 à Saint-Nazaire. Fils de Nazairiens, il a appris son métier à l’école d’apprentissage des Chantiers de Penhoët. Il était employé aux chantiers navals lorsque, résistant, il fut arrêté le 3 août 1942 sur son lieu de travail par la SPAC qui collaborait avec la Gestapo. Jugé par la cour d’appel de Rennes, en section spéciale, il a connu de nombreuses prisons françaises avant d être déporté « politique » à Buchenwald. Il fut ensuite envoyé dans d’autres camps de concentration, où sabotages, résistance l’ont toujours guidé. Il endurera l’évacuation en colonnes, devant l’avancée des troupes de libération. Au retour, son état de santé a nécessité de longs soins. Ensuite, il a pu réintégrer les Chantiers, et y exercer son activité professionnelle de contrôleur-tourneur jusqu’à la retraite. Adhérent à des associations d’anciens résistants et déportés, il participe chaque année à Saint-Nazaire à la cérémonie de commémoration lors de la Journée nationale du souvenir de la Déportation. Déporté mais pas vaincu, c est son histoire.
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Louis Gravouil, né en 1921, vit aujourd’hui à la résidence Jean-Macé à Saint-Nazaire. Il sera promu Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur le 7 février prochain, lors d’une cérémonie en mairie. Cet ancien salarié des Chantiers navals de Penhoët, entré dans la Résistance en 1940, a été arrêté durant l’été 1942.
« Le 3 août 1942, vers dix heures, aux Chantiers, le contremaître est venu me dire que l’on me demandait au bureau du chef de pointage. J’ai pris la liste que j’avais dans mon portefeuille et l’ai glissée dans une de mes chaussettes.Elle comportait les 35 noms de mes camarades de section.Quelle bonne idée j’ai eue !» En effet, grâce à ce stratagème, la liste ne sera pas découverte : il a pu s’en débarrasser, la jetant dans les toilettes, avant qu’elle ne tombe aux mains de la Gestapo.
Nantes, Angers, Vitré, Laval… Il a été transféré plusieurs fois puis déporté à Buchenwald en mai 1944. Il y porte le matricule 51 807, orné du triangle rouge des prisonniers politiques. « La faiblesse nous submergeait et nous avions faim, très faim. Que de repas avons-nous faits, en pensée, lorsque nous nous invitions avec un bon poulet et du chocolat », raconte t-il dans son livre Déporté mais pas vaincu (Liv’éditions) paru en 2010. Je me souviens m’être dit souvent, ils auront la graisse mais pas les os, malheureusement les muscles aussi s’en allaient et la force physique devenait chancelante. »
Le camp de Buchenwald est libéré en avril 1945. Il rentre dans sa famille, réfugiée à Guenrouet. « Lorsque je frappai à la porte, ma maman me dit : « Monsieur, que voulez-vous ? » Elle ne me reconnaissait pas. Je lui ai dit : « Maman, c’est moi, ton gars » et je l’ai prise dans mes bras. »
Louis Gravouil sera réintégré aux Chantiers, où il travaillera comme contrôleur tourneur, jusqu’à sa retraite.