Marcel Colignon (1922-2014)

Né en 1922 à Abbeville, Marcel Colignon est décédé le 7 mars 2014. Dès l’automne 1940, il refuse la défaite et l’armistice en aidant des soldats anglais puis en participant aux premiers tracts d’Abbeville le 30 décembre 1940. En 1941, étudiant, il participe à l’action résistante de Passeur de l’abbé Carpentier à Abbeville par des faux papiers pour le passage de la ligne de la zone interdite sur la Somme avec une tentative ratée de gagner l’Angleterre à Pâques 1941.
En novembre 1942 il intègre le réseau “Béarn”. Il participe également à des actions du réseau “Sylvestre-Farmer” du SOE en 1943. Dénoncé par un membre de ce réseau il est arrêté avec ses camarades le 22 aout 1943. Libéré le 30 mars 1944, il entre en contact avec “Libé-Nord” à Abbeville puis intensifie ses actions de renseignements sur Abbeville et la cote picarde au réseau “Béarn”. De nouveau arrêté le 20 juillet 1944 à Fontaine-sur-Somme au retour d’une liaison avec le PC du réseau à Roye, il est interné à la prison d’Abbeville, à la citadelle d’Amiens, à Compiègne Royallieu, puis est déporté le 17 août à Buchenwald par le “Dernier Train”. Le 22 il y est immatriculé 78916. Le 14 septembre il est transféré au kommando “Reh” de Neu-Stassfurt. Paralysé, suite à “l’attention particulière” d’un SS, Marcel revient à Buchenwald le 5 novembre 1944 puis, guéri, est affecté au kommando Kalbe de Springen le 20 janvier 1945. Il restera au fond de cette mine jusqu’au 30 mars, date à laquelle il est évacué par une Marche de la Mort vers Buchenwald où il arrive le 6 avril. Il est libéré le 11.
Marcel s’investira, dès son retour, dans le travail de Mémoire, dans différentes associations. Il était un des piliers de l’Amicale de Neu-Stassfurt, participant à des pèlerinages en Allemagne sur les traces de son kommando et porte-drapeau de 1964 à 2002. Toujours disponible, il témoignera de la Résistance et de la Déportation lors des commémorations et dans les écoles pour le CNRD (ou chez lui lorsque des problèmes de santé l’empêchaient de se déplacer), en dernier lieu en janvier 2014 à Chaulnes. Devant les problèmes de santé il fit preuve d’un grand courage. Ce battant, par son charisme, sa clairvoyance et son esprit d’analyse restera dans les mémoires comme un Grand Témoin. Lors de ses obsèques une foule nombreuse et 29 porte-drapeaux lui rendirent l’Hommage qu’il méritait. Il était Officier de la Légion d’Honneur.
Claude Leleu

Le Serment N°353 – juin juillet août 2014