Né en 1925, Marcel Fauvel fut de ceux qui ne supportaient pas la présence ennemie sur le territoire français. En janvier 1943, dans sa démarche du refus, il assiste à l’inhumation d’un aviateur canadien abattu près de Bayeux avec un certain nombre de camarades lycéens. Il est arrêté le 17 février 1943, suite à cette cérémonie, transféré à Caen, Compiègne puis Buchenwald où il arrive le 18 septembre 1943 sous le matricule 21314. Après passage obligé au petit camp et divers kommandos de terrasse, il est affecté au Block 14 et au Hall 4 de la Mibau. Après le bombardement du 24 août qui détruisit l’usine, il part pour le Kommando Junkers d’Halberstadt à la construction d’ailes de Junkers 88. Le 10 janvier 1945, il est transféré au Kommando de Langenstein, là où je l’ai vraiment connu dans cette petite chambre de vingt Français où se trouvait également Serge Saudmont. Voici comment il présentait ce camp lors des conférences qu’il organisait dans les collèges et lycées : “A Langenstein le régime était terrible, la faim perpétuelle, l’angoisse et la violence permanente. On travaillait comme des bêtes. Il fallait créer une véritable usine souterraine. J’étais affecté à l’une des besognes les plus pénibles et les plus dangereuses : pousser des wagonnets de gravats…”
Le 9 avril 1945, c’est le départ vers l’inconnu devant la poussée américaine. 320 km à pied en 12 jours, du camp jusqu’au delà de l’Elbe à Wittemberg. La moitié de ses camarades de chambre sont abattus sur la route. Marcel s’évade au soir du 21 avril avec quelques camarades peu avant Wittemberg. Il est libéré quelques jours plus tard par l’armée soviétique.
Il reprend ses études et devient docteur en médecine à Balleroy, puis chef de clinique et médecin chef de l’hôpital de Bayeux.
Il n’oublie pas pour autant ses camarades de déportation qu’il assiste et conseille pour les attributions de pension. Il les regroupe dans une importante section de la FNDIRP qui fusionne avec celle de la Manche. Soit auprès des autorités, soit à la télévision, il est toujours au premier plan de la défense des intérêts des déportés. Son décès le 6 août 2008 a jeté la consternation parmi ses nombreux amis. Ils étaient plus de 300 à l’accompagner lors de sa crémation au funérarium de Caen. Le vide qu’il a laissé sera difficile à combler dans le cœur de ses amis.
Paul Le Goupil