Maurice Hugelé

jeudi 26 mai 2011

Le jeudi 19 mai 2011, Maurice Hugelé, 86 ans, qui a été déporté au camp de Buchenwald, est venu témoigner dans la classe.


L’arrestation :
Le 11 novembre 1943, après avoir célébré clandestinement pendant 3 années consécutives la victoire des Français de la guerre de 14-18, les habitants de Grenoble se révoltent. Environ 300 personnes partent dans les rues avec des drapeaux en criant, puis progressivement se retrouvent à 1700 personnes. Dans cette foule de personnes, se trouve Maurice Hugelé, âgé alors de 18 ans. Toutes les personnes vont tenter de se regrouper aux monuments aux morts, mais, la rue étant bloquée, partir vers le monument des Diables Bleus. C’est à ce moment-là, que l’armée allemande arrive et embarque Maurice. Les personnes arrêtées sont emmenées dans des wagons à bestiaux, entassés à plus de 100 par wagon, pour le camp de Compiègne vers Paris, puis 2 mois plus tard pour le camp de Buchenwald en Allemagne. Ils vont partir le 17 janvier pour arriver à Buchenwald le 19 janvier, camp dont Maurice et les autres ignoraient alors l’existence. Dans le train, il faisait noir, ainsi Maurice perd rapidement la notion du temps.

La vie dans le camp de Buchenwald
A l’arrivée dans le camp, les nazis, l’ont lavé, rasé, désinfecté dans un bain de gresyl, puis placé dans un bloc spécial en quarantaine pour éviter de contaminer les détenus avec des maladies de l’extérieur.
Dans le camp, la vie était très dure ; les détenus travaillaient 12 heures par jour et n’avaient que très peu de nourriture (un petit bout de pain, de beurre et une fine tranche de saucisson le matin et une louche de soupe sans pomme de terre ni viande le soir). Ils avaient faim tout le temps. Quand Maurice est entré dans le camp il pesait 70kg, mais il en pesait seulement 35 à sa sortie 16 mois plus tard !
Maurice travaillait dehors quelque soit le temps (pluie, neige, vent, soleil..) ; il cassait des cailloux, empierrait des routes, réparait des voies ferrées. D’autres, travaillaient dans une usine proche du camp qui fabriquait des armes.
Le soir, ils allaient souvent se coucher vers minuit, 1 heure du matin à cause des appels qui duraient longtemps, très longtemps. Ils dormaient entassés sur des lits superposés (chalis), à 10 par niveau et 400 par bloc (c’est-à-dire baraque). Malgré leur fatigue, ils ne pouvaient pas dormir à cause de la toux de presque tout le monde. Quand quelqu’un était malade, personne ne le soignait. Parfois, durant la nuit, certains mouraient. Le matin, ils se levaient vers 5 h pour un nouvel appel. Leurs habits étaient très sales et avaient appartenus avant à d’autres déportés qui n’avaient pas survécu. Ils avaient aux pieds des claquettes (sortes de sabots). Sur tous leurs habits était cousu un numéro pour les reconnaître (40546 pour Maurice).
Les 3 premiers mois, Maurice avait le droit d’écrire une lettre par mois, mais en allemand ( pour que les autorités vérifient son contenu), et sans dire ni où il était, ni s’il était malade, ni ce qu’il faisait.
Impossible de s’évader ! Le camp était entouré de fils barbelés électrifiés, et des SS surveillaient du haut des miradors. Personne n’a pu s’échapper.
Dans le camp, rapidement, tous sont malades. Ce qui leur permet de tenir le coup, c’est la solidarité entre eux. Ils se soutenaient moralement, donner aux plus faibles et aux enfants davantage de nourriture quand ils le pouvaient.

Les Marches de la mort
Les marches de la mort est un concept inventé par les Nazis, qui permettait d’évacuer les camps pour que les alliés trouvent les camps vides. Les nazis faisaient marcher les détenus d’un camp à l’autre, sur des distances très longues ; ceux qui ne pouvaient suivre étaient abattus et laissés par terre dans le fossé. Maurice a marché ainsi du 8 avril 1945 au 5 mai 1945. Il n’a donc pas vu la libération du camp, le 11 avril 1945, seulement 3 jours après le début des marches de la mort ! Une fois libéré, il va d’abord être hospitalisé, puis ramené à la gare de Grenoble où sa maman l’attendait. Le jour de la libération était tellement attendu que, le jour-même, les déportés n’y croyaient pas. Ils demandaient aux autres de les pincer pour être sûr qu’ils ne rêvaient pas !

Aujourd’hui
Aujourd’hui, Maurice n’en veut pas aux Allemands, il n’a pas de haine contre le peuple allemand. Ce n’est pas de leur faute, et en plus, les Allemands d’aujourd’hui ont compris les erreurs du passé et ont honte de ce qu’isl ont fait. Les Allemands d’aujourd’hui ne sont pas les Nazis d’hier.
Il n’a pas de mal à en parler, au contraire il aime bien venir témoigner devant les élèves.
Maurice est triste pour ceux qui sont morts mais joyeux parce qu’il est en vie (seulement 30% des déportés sont revenus en vie !).
Maurice nous a dit que la guerre n’était pas un jeu, et qu’il n’y avait pas de héros. Il nous a dit aussi qu’il fallait bien travailler à l’école pour ne pas devenir bête et méchant comme les nazis.