Pierre Suzor, 95 ans aujourd’hui, a raconté son histoire aux trois classes de 3ème du collège des Buclos à Meylan. Il était invité par Justin, 14 ans, son arrière-petit-fils et sa prof d’histoire-géo. Une manière plus vivante d’aborder la Résistance, la Déportation et la Seconde Guerre mondiale.
Un moment rare au collège des Buclos à Meylan (Isère), près de Grenoble : les trois classes de 3ème ont accueilli un ancien résistant et déporté âgé de 95 ans, l’arrière-grand-père de l’un des élèves. C’est dans un grand silence et avec un immense respect que les élèves rassemblés dans la salle audiovisuelle ont écouté et interrogé Pierre Suzor, qui fut conduit dans le camp de concentration de Buchenwald, en Allemagne.
“Pierrot” dans la résistance avait vingt-et-un ans quand il a été arrêté à Lyon en octobre 1943. Il a raconté son arrivée dans le camp de Buchenwald aux adolescents. “Il n’y avait plus de ‘Pierrot’, plus de ‘Pierre Suzor’, je n’étais qu’un numéro : le 43981. Il fallait le connaître par cœur, et pas seulement en français, en allemand aussi. Il fallait le reconnaître si on nous appelait à la radio de la baraque, et le réciter “chapeau bas” si on nous demandait de saluer un SS”.
Continuer à résister dans le camp
Pierre Suzor emploie des mots simples, justes, pour raconter sa vie quotidienne à Buchenwald, et comment, au sein même du camp, certains ont continué à résister, en prélevant par exemple de minces tranches de pain sur leur maigre ration pour nourrir un jeune homme affaibli et lui permettre de survivre. Les collégiens sont plus d’une centaine, leur silence et leur attention témoignent de leur intérêt, et de leur respect aussi.
Témoigner pour mieux faire comprendre aux plus jeunes
C’est une démarche habituelle pour Lila Biard, la professeur d’Histoire-Géo du collège. Au moment d’aborder la Seconde Guerre mondiale, elle demande à ses élèves de recueillir des témoignages et des documents dans leur famille. C’est comme ça que Justin a proposé de faire venir son arrière-grand-père. Pour l’enseignante, les adolescents intègrent mieux l’Histoire quand elle touche l’un de leurs proches.
“Témoigner, c’est une façon de défendre la démocratie et l’autre chose pour laquelle on s’est battus : la paix” — Pierre Suzor, ancien déporté et résistant
Pierrot Suzor trouve important de partager son expérience avec les jeunes pour leur faire prendre conscience de la chance qu’ils ont de vivre dans une démocratie où l’on peut exprimer qui on est, sans se cacher, et manifester ses colères et mécontentements dans la rue. Avant de quitter les collégiens, il délivre un dernier message sur les migrants dont il se sent très proche : “Que ce soit de gauche ou de droite, on parle de “migrants” qu’il faut arrêter ou au contraire accueillir. Ce terme de “migrants” me déplaît. Ce sont des exilés, des réfugiés. Il faut s’en occuper, les accueillir chez nous, comme on nous a accueillis quand on est rentrés des camps de concentration.”
Justin, son arrière petit fils, est content d’avoir permis cette rencontre au collège des Buclos. “Je suis impressionné par tout ce qu’il a fait. Et puis je le respecte. Je n’avais pas entendu le témoignage complet de son arrestation et de sa déportation. Il a dû souffrir. Heureusement, ce n’était pas un camp de mort, mais ça a du être l’enfer à vivre. Aujourd’hui, il a l’air très en forme, il est très souriant, il a l’air joyeux. Moi, je ne serai pas aussi joyeux si j’avais vécu tout ça. Je ne sais pas comment il fait mais je trouve bien qu’il vienne témoigner au collège. Il faut qu’il y ait un maximum de personnes qui l’entendent pour ne pas que les gens oublient”. La rencontre s’est finie quand Pierre Suzor est reparti, tout seul, prendre le train qui l’a ramené chez lui, à Montpellier.
TEMOIGNAGE EXCEPTIONNEL DE PIERRE SUZOR, RESISTANT ET RESCAPE DES CAMPS DE CONCENTRATION NAZIS
Le jeudi 27 avril 2017, grâce au partenariat noué avec l’UDAC 34 (Union départementale des anciens combattants ), les élèves de deux classes de troisième ont eu l’immense privilège de s’entretenir avec Monsieur Pierre Suzor, déporté à Buchenwald pour faits de résistance entre 1944 et 1945 .
http://www.bddm.org/aud/temoignages.php?id=16
Au delà de la valeur historique que constitue un tel témoignage où mémoire et Histoire se rejoignent, M.Suzor, a su transmettre à nos élèves, dans un échange à la fois simple et vivant, les valeurs humanistes de liberté, de solidarité et de fraternité qui ont conduit sa vie et nous a appelés, comme lui, à les défendre.
M.Bousquet, témoin de l’occupation allemande et de la Libération à Montpellier, était également parmi nous pour répondre aux questions de nos élèves.
Merci.
JMR
Pierre SUZOR décrit dans la première vidéo ses missions dans l’O.R.A. (Organisation Résistance Armée), son arrestation en octobre 1943, sa détention à Lyon, son départ de Compiègne vers l’Allemagne en janvier 1944, les conditions de sa déportation à Buchenwald et son arrivée, nu, au camp de concentration.
Témoignage de Pierre Suzor au CRHRD de Castelnau-le-Lez le 9 novembre 2018 – 2ème partie
Dans cette seconde vidéo, Pierre SUZOR raconte son arrivée à Buchenwald le 19 janvier 1944 et les SS qui terrorisaient les déportés dès leur descente du train. Puis, il évoque l’organisation interne du camp, le rôle des détenus dans sa gestion, les travaux forcés exigés et comment il devient comptable. Ensuite, il décrit ses amitiés, son apprentissage du russe, la solidarité, les rumeurs qui circulaient dans le camp, son plan d’évacuation en 1945. Enfin, il relate la libération de Buchenwald et le débat sur le rôle des détenus dans ce processus.