BRAZDA Rudolf KLB 7952

2010-04-25_rudolf-brazda_par_Gerard-Bohrer_DR-rArrive à Buchenwald en août 1942, matricule 7952.
Rudolf Brazda grandit à Brossen, puis à Meuselwitz, en Allemagne. Il est le huitième enfant d’une famille de mineurs venus de Bohême. Jusqu’à l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, il vit avec son compagnon Werner dans la région de Leipzig. En 1937, alors que Werner est sous les drapeaux, Rudolf est arrêté et condamné à six mois de prison pour « débauche contre nature » (Widernatürliche Unzucht). A sa libération, il est expulsé vers sa patrie d’origine car il est devenu persona non grata dans l’Allemagne nazie. Ses parents ne lui ayant pas appris le tchèque, il s’installe dans la région germanophone des Sudètes, province tchécoslovaque jouxtant l’Allemagne, où il intègre une troupe de théâtre itinérante spécialisée dans l’opérette et les numéros de cabaret. En 1938, l’Allemagne envahit les Sudètes et la troupe se sépare. Rudolf retrouve un travail de couvreur et va loger à la même adresse qu’Anton, son nouvel ami. En avril 1941, il est impliqué indirectement lors de poursuites menées contre deux de ses proches connaissances, et il est à nouveau emprisonné. Commence alors un parcours carcéral qui le fait passer par de nombreuses prisons avant de rejoindre le camp de concentration de Buchenwald, où il intègre un Kommando de couvreurs chargés de l’entretien des toitures des nombreux bâtiments du camp.
A la Libération, en avril 1945, plutôt que de retourner dans sa famille, restée en Allemagne, Rudolf Brazda suit à Mulhouse un déporté communiste de son Kommando, Fernand, avec lequel il avait tissé des liens d’amitié, et reprend son activité de couvreur. Après avoir été considéré comme apatride, il est naturalisé Français en 1960, mais continue de ne s’exprimer quasiment qu’en allemand. Début 2008, entendant parler de l’inauguration prochaine du monument aux victimes homosexuelles du Nazisme (Homosexuellen-Denkmal) à Berlin, il demande à sa nièce de le faire connaître auprès de l’association LSVD Berlin Brandenburg (Fédération allemande des associations gays et lesbiennes – Délégation du Land de Berlin-Brandebourg). Le 15 mai 2010, en compagnie du secrétaire d’État français à la Justice, il dévoile une plaque rendant hommage aux Mulhousiens anonymes arrêtés et déportés pour motif d’homosexualité : c’est une première française dans la reconnaissance de la déportation des homosexuels. Le 25 juillet 2010, à l’initiative de l’Aids-Hilfe Weimar und Ost-Thüringen, il est à l’honneur à Buchenwald, lors d’une cérémonie commémorative à laquelle assistent également le maire de Weimar, les ministres et secrétaires d’État à l’Économie du Land de Thuringe, ainsi qu’une délégation mémorielle française. Bien que parfois dépassé par sa notoriété, Rudolf Brazda a répondu aux sollicitations des établissements scolaires, associations identitaires, médias, etc., pour témoigner, espérant ainsi que les nouvelles générations sauraient rester vigilantes face aux dérives qui ont conduit à la répression et aux persécutions d’homosexuels par le régime nazi. Il a soutenu les travaux de recherche sur la déportation homosexuelle.

Rudolf BRAZDA est décédé le 3 aout 2011 à Bantzenhein.dans le Haut-Rhin.

Extrait de BUCHENWALD PAR SES TÉMOINS, Histoire et dictionnaire du camp de concentration de Buchenwald-Dora et de ses kommandos (1937-1945), éditions Belin, 2014

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Auteurs : Dominique Orlowski (dir), membre de l’Association Buchenwald-Dora et Kommandos, Michelle Abraham, Hélène Houssemaine-Florent, Jeanne Ozbolt et Dominique Durand, filles et fils de déporté français ainsi que Franka Gunther, petite-fille de déporté allemand. Préface de Bertrand Herz, ancien déporté, président du Comité International Buchenwald-Dora et Kommandos.

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