Témoignage de Jules BUSSON (3)

De Dora à Ellrich gare

Le 9 juin, nouveau rassemblement. Nous quittâmes, pour ma part sans regret, cet abattoir humain pour le petit camp d’Arzounkel. C’était un Kommando dépendant de Dora, qui venait, ou allait devenir camp principal. J’y retrouvais plusieurs camarades avec lesquels j’avais vécu à Poissy, Melun, Châlons-sur-Marne.
Chaque jour, nous allions, à quelques kilomètres de là, à Wofleben, où les détenus creusaient la montagne avec pour but de rejoindre les tunnels de Dora. Nous étions transportés, au petit jour, en camions et bien que nous soyons au printemps, il faisait très froid. Je restais à Arzounkel jusqu’au 14 juillet.

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Harzungen

J’avais été versé au Kommando mécanique « Hoffmann » chargé d’entretenir notamment les petits compresseurs. Cela me permit de ne pas connaître la vie, très dure, des détenus qui creusaient dans un bruit infernal, dans la poussière et sans aucune sécurité, la montagne. La mortalité y était effrayante.
J’étais à l’extérieur, à l’air libre et le travail était moins pénible qu’au transport colonne ou à la terrasse par exemple.
J’eus enfin la chance, inouïe, d’avoir pour « Meister » un anti-fasciste allemand nommé Peno Bindich qui m’aida à ne pas succomber en me donnant parfois, du pain et des cigarettes.
Je me rappelle ma prise de contact avec lui. Je le revois encore, petit maigre, sous sa casquette de Todt. Il louchait. J’étais comme on dit à Saint-Nazaire, dans la construction navale et dans la marine, son « Matelot ». En fait, il était le chef, moi, l’esclave. Mais il ne se comporta jamais en maître d’esclaves.
Le Kommando « Hoffmann », disposait d’une baraque en tôle ondulée du type utilisé par les Anglais en 39-40 en France. Le chef s’appelait Blum, un nazi acharné. Peno Bindich était sous ses ordres. Il n’aimait pas Blum.
Pour les détenus, l’équipe était composée de trois russes : Micha, Basile et un troisième soviétique et de deux Français, un nommé Eugène, un breton qui s’était engagé dans la L.V.F. et qui, ayant déserté, s’était retrouvé à Buchenwald, et de moi-même.
Je tenais constamment prêt un petit coffre plein d’outils. Ainsi lorsque les « Kapos » ou les autres « Meister » arrivaient en clamant « Alle kommen, Alle arbeiten… », Peno Bindich s’interposait en criant : « Un moment, Julius (ainsi m’appelait-il, ce qui me faisait rire en moi-même car je pensais au lion Brutus). Un moment, Julius très bon spécialiste, il vient avec moi, j’en ai besoin. » Et il me bousculait : « Dépêche-toi, espèce de cochon de Français ! » J’empoignais rapidement le coffre à outils et en route vers les petits compresseurs dispersés à travers le camp de travail.
Arrivé devant un de ces engins (Bindich en conservait toujours trois ou quatre en panne), mon meister commençait par me dire de ne pas me formaliser et qu’il m’avait bousculé pour m’éviter de partir en corvée. Je le comprenais, mais au début, je continuais à me méfier de lui.
Bindich démontait, soit le carburateur ou la pompe à combustible suivant le type du compresseur, puis, tranquillement, il se mettait à fumer. En esclave, je restais debout, jusqu’au jour où il me dit de m’asseoir en faisant attention aux SS et aux Kapos. Ce jour-là, après s’être assuré qu’il n’était pas vu, il roulât, puis me tendit une cigarette. Quelle aubaine !
Puis il me demanda pourquoi j’étais prisonnier. Je lui répondis que j’étais prisonnier politique, à l’inverse des bandits et assassins portant le triangle vert, qui étaient des droits communs. Mais il voulut d’autres explications. J’hésitais quand même à lui dire que j’étais communiste. Ce n’était ni le lieu ni le moment de faire des confidences à un Allemand qui pouvait me signaler aux SS et il était inutile d’attirer l’attention particulière de ces derniers. Mais, pressé de questions, comme par bravade, je lui dis : – «J’ai été arrêté pour propagande communiste contre les nazis. » Cela dans mon jargon petit nègre allemand. Alors Peno Bindich me regarda, jeta un coup d’oeil rapide autour de lui et répliqua : « Du Kommunist, ich égal Kommunist deutsch. » (Toi communiste, moi aussi je suis communiste allemand.). Je ne pouvais le croire. C’est une feinte me disais-je. Dans quel pétrin me suis-je mis ?
À partir de ce jour, mon chef m’apporta, à chaque fois qu’il le pouvait, du pain, des cigarettes. Il ramassait dans le réfectoire des civils, les croûtes de pain pour moi. Il me les donnait en cachette. Pris ou dénoncé, il risquait de se trouver comme moi, du jour au lendemain, habillé de rayé. Il m’expliqua qu’il l’avait déjà été et que, relâché, il était toujours sous surveillance policière.
Le camp de Wofleben était construit sur le territoire d’une ancienne ferme. Les bâtiments de cette ferme servaient d’état-major au commandant du camp. Des cuisines, installées dans les écuries, servaient à chauffer le « café » qui était distribué deux fois par jour aux civils. Nous en voulions à chaque fois qu’on le pouvait. Cela au moins nous réchauffait un peu.
Le camp était séparé en deux parties.
 La première, avec le poste de garde, les baraques des SS, la place d’appel où les Kommandos se formaient après le contrôle principal à l’entrée, servait de dépôt. Sur une immense étendue, des traverses de chemin de fer en tas, des rails, des rondins de bois, des matériaux les plus divers étaient stockés.
Sans cesse, des rames de wagons, des camions étaient déchargés par les détenus. Dans le froid, sous la pluie, sous la chaleur torride en été, de jour, de nuit, constamment les malheureux versés au « Transport Kolonne » devaient manipuler, transporter, déplacer tous ces matériaux. Avec le travail aux tunnels, c’était le pire des Kommandos. Les Kapos y étaient féroces, ils frappaient sans cesse les détenus qui s’écroulaient sous la charge.

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Dessin de Kapo

Une distraction favorite de ces bourreaux était de retirer un à un, les porteurs d’un rail jusqu’au moment où les derniers s’écroulaient sous la charge. Bien souvent, la lourde pièce d’acier écrasait dans sa chute un bras, une jambe, ou la tête des hommes. Le jeu était encore plus cruel lorsqu’il s’agissait de jeunes enfants juifs, âgés parfois d’à peine 8 ou 10 ans.
Le « Transport Kolonne », c’était la mort à coup sûr, plus ou moins rapidement, mais d’une façon certaine, tant les conditions de travail étaient dures et grande la sauvagerie des Kapos.
La deuxième moitié du camp, à laquelle on accédait par un passage relativement étroit, en laissant sur la droite les baraquements des civils, était composée d’une vaste esplanade où se trouvaient quelques baraques et ateliers. La montagne, qui fermait le camp à droite avait été rabotée sur sa dernière pente. Cela formait un mur, haut de quelques dizaines de mètres dans lequel étaient percés les tunnels. Plus d’une dizaine.
Les déblais de la montagne avaient été jetés dans la rivière qui la bordait. Cette rivière qui avait dû être charmante dans ce très beau site, avait été détournée. Comblée, elle permettait ainsi la construction de l’immense esplanade sur laquelle voies ferrées, routes et chemins dans un immense enchevêtrement se dirigeaient tous vers les tunnels. La ferme était située sur cette deuxième partie du camp au creux du -V- formé par les deux ailes du complexe.
Entre-temps, le 14 juillet 1944, j’avais été transféré d’Arzounkel à Ellrich. Ce matin-là, au lieu de bifurquer vers Wofleben, les camions continuèrent leur route quelques kilomètres plus loin. Les Russes, à leur habitude, chantaient dans les camions non bâchés.
Leurs chants étaient magnifiques. Ils avaient le don inné de chanter en choeur avec plusieurs intonations. On sentait toute la nostalgie mais aussi la puissance du peuple russe. J’étais à chaque fois bouleversé par ces chants, qui, quoiqu’il arrive, me donnaient encore plus d’assurance que les nazis seraient vaincus par les combats qui, en particulier, se déroulaient en Union Soviétique.
Tout à coup les Russes nous dirent : – « Alors les Français, vous ne chantez pas ? » Les Français, contrairement aux peuples russes ne savent pas chanter en choeur. Il suffit d’écouter la Marseillaise lors des matchs internationaux pour s’en convaincre. Nous ne comprenions pas pourquoi nos camarades russes nous demandaient de chanter ce jour-là. « C’est votre Fête Nationale ».
La Marseillaise de l’espoir 
Nous étions le 14 juillet. L’absence de calendrier, les conditions de vie nous faisaient perdre la notion exacte du temps. Alors, comme un seul homme, les Français fouettés dans leur amour-propre, entamèrent la Marseillaise, qui fut reprise dans toutes les langues. Les sentinelles, aux quatre coins des camions donnaient des coups de crosses au hasard et demandaient de nous taire : « Ruhe ! » , criaient-elles.
Ce fut un moment intense d’émotion. Non, nous ne serions jamais des esclaves ! Au plus profond de notre détresse, nous relevions la tête. Les nazis s’ils brisaient les corps, n’arriveraient jamais à broyer nos cours d’hommes libres.
Nous arrivâmes à Ellrich. C’était une ancienne usine de ciment. Les détenus étaient logés dans les anciens dépôts. La plupart des carreaux étaient cassés. Il faisait très froid dans ces bâtiments humides. Toute l’administration interne du camp, Lagerschutz, Block-altester, Kapos, Stubendienst, etc. était aux mains des verts.
Entourés d’une cour de Tziganes qui, bien souvent pour une bouchée de pain avaient accepté de se prostituer, au sens propre du mot, ils faisaient régner la terreur dans le camp. Seul, le Lagerschutz Otto, un communiste allemand arrêté depuis de longues années, se montrait humain avec nous. Je l’ai vu se faire gifler violemment par un SS sur la place d’appel à Wofleben parce qu’il refusait de brutaliser le pauvre troupeau que nous étions. En lisant Les Français à Buchenwald et à Dora, j’ai appris qu’après avoir été atrocement torturé, il avait été abattu, en avril 1945, par le SS Sanders au Bunker de Dora.
À mon arrivée à Ellrich, les cuisines venaient d’être terminées. Par contre, il n’y avait pas encore de crématoire. En rentrant, le soir, du camp de Wofleben, après une journée harassante, après avoir parfois attendu pendant des heures sur le ballast dans la neige, sous la pluie, exposés au vent qui s’engouffrait le long des monts, crevant littéralement de faim, il nous fallait porter les morts qui étaient alignés à côté des survivants pour être comptés. Morts ou vivants, il fallait retrouver le nombre exact de déportés ayant quitté Ellrich le matin.
L’appel était rarement de courte durée. Au contraire, celui-ci se prolongeait parfois pendant des heures et des heures; soit que les SS ne trouvaient pas leur compte, soit uniquement par cruauté. Les hommes, épuisés, tombaient à terre. Les Kapos, bien nourris et serviles, s’acharnaient sur les plus faibles. Ils frappaient à coup de pied les hommes à terre, les coups résonnaient dans les pauvres carcasses qu’aucune chair ne protégeait. Les coups de goumi pleuvaient. Bien souvent, le malade à bout de forces, agonisait dans la neige ou la boue.
Enfin, l’ « Entroiton » libérait les esclaves qui se ruaient, en titubant, vers les blocks pour retrouver un peu de chaleur, se procurer un lit, si possible une couverture pour la nuit, et avaler une gamelle de soupe. Bien souvent celle-ci était froide.
D’abord il fallait se procurer une gamelle; ce n’était pas un mince problème. Pour la cuillère, on pouvait s’en passer. Les derniers arrivés attendaient qu’un détenu quelconque ait fini sa misérable pitance pour avoir sa gamelle et se présenter, à son tour, devant le bouteillon. Mais chacun espérait qu’il y aurait peut-être du rabiot. C’était excessivement rare, car les Stubendienst se réservaient ce rabiot, soit pour eux ou leurs protégés.
D’ailleurs, avant de servir la soupe, ils laissaient déposer le contenu des bouteillons. Puis, avec une grande louche, ils prélevaient dans le fond, tout ce qui était solide. Le plus nourrissant. Ils se servaient largement, en double ou triple ration chacun. Le reste, le bouillon, était pour ceux qui étaient sous leur tyrannique surveillance.
Dans ces conditions, celui qui avait léché et reléché sa gamelle, essayait de la garder pour le cas, rarissime, ou un petit reliquat serait distribué. Pour simplement prétendre à sa maigre pitance, cela posait bien des soucis.
Et puis, il y avait la corvée des morts, que l’on essayait d’éviter. En courant, enfin, vers les Blocks, on était parfois raflé pour porter les morts jusqu’à un petit tertre qui surplombait le camp d’Ellrich gare. Je précise Ellrich gare, car j’ai appris, seulement à mon retour en France, qu’il y avait un second camp appelé «Ellrich théâtre». Cela, je l’ignorais pendant ma captivité, les SS n’ayant pas l’habitude d’ organiser la visite « touristique » des lieux de détention.

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La « corvée des morts »

Cette corvée était très pénible, bien que notre sensibilité fut émoussée à l’extrême. Le mort, bien que décharné, pesait quand même lourd pour nos forces réduites et puis, on glissait dans la boue. C’était un sinistre ballet, où morts et vivants s’enlaçaient dans des scènes grotesques.
Enfin, arrivés sur le sommet, on nous contraignait à ranger tête-bêche, ceux qui ne reverraient jamais leur pays. Une couche de bois, une couche de morts, une couche de bois, une couche de morts… Et, arrosé d’un peu de gas-oil, le bûcher flambait. Sinistre ! Cela répandait une odeur de cadavres brûlés sur tout le camp.
Comment les habitants d’Ellrich n’ont-ils rien vu, rien senti ? Cela se passait à quelques dizaines de mètres de leurs maisons, sur une hauteur, visible de tous…
Plus tard, un crématoire fut mis en construction, mais il n’eut pas le temps de fonctionner. Le camp fut évacué auparavant. Avant le bûcher et la solution envisagée du crématoire, pour se débarrasser de leurs victimes, les SS faisaient transporter les morts, plusieurs fois par semaine, jusqu’à Dora où ils étaient incinérés.
Alors que je venais d’arriver à Ellrich, je vis ce spectacle pour la première fois et cela me fit une impression horrible. Deux détenus prenaient le cadavre par les bras et les jambes et, hop, après un balancement, le jetaient sur le tas de morts qui tombaient dans toutes les positions dans le camion. Là, deux autres déportés montant sur les bras, les jambes, les têtes, essayaient de les ranger un peu. Une bâche était jetée par dessus le sinistre chargement. Et le camion, dégoulinant de sang et de matières, prenait la route vers Dora. Parfois, dans les villages, des cadavres, mal arrimés, tombaient. Il fallait les remettre dans la sinistre cargaison.
Un matin, près du Block 2 où je logeais (le mot est pompeux) j’étais assis avec quelques camarades sur une grande caisse de bois, qui servait habituellement à mettre des détritus de jardin. Nous attendions d’être appelés sur la place pour aller au travail. – « Qu’y a-t-il dans cette caisse ?» Et, soulevant le couvercle, nous aperçûmes des cadavres entassés avec les ordures. Ce manque de respect devant la mort me choqua. Décidément, il faut longtemps pour s’habituer à devenir insensible. Je n’y suis jamais arrivé complètement.
Si à Arzounkel, j’avais encore le contact avec quelques camarades que j’avais connus en prison en France, à Ellrich j’étais isolé. Avec deux Français s’appelant Jean, l’un de Toulouse qui était frappeur à la forge, l’autre de Lyon qui était tourneur à l’atelier du Kommando « Hoffmann » et un vieil avocat de Bordeaux, Maître Bréhénier, que nous avions réussi, à force d’intrigues, à faire placer au nettoyage des marteaux-piqueurs, nous formions un groupe d’amis.
Mes deux Jean, étaient des Résistants. Ils étaient passés par le fort du Hâ et parfois, ils évoquaient les souffrances qu’ils y avaient déjà endurées. Maître Bréhénier était un croyant convaincu. J’eus des discussions passionnantes et passionnées avec lui sur la religion et, malgré nos divergences profondes, nous nous aimions beaucoup. Il représentait, pour nous les trois jeunes, un peu le père de famille.
On l’aidait de notre mieux. Très faible, il lui était très difficile de protéger son maigre morceau de pain, qui, pourtant était l’essentiel de notre nourriture pour toute la journée.
Comme des loups affamés, des groupes s’organisaient et attaquaient, en masse, celui qui avait des difficultés à se défendre. C’était vraiment la loi de la jungle que les SS se plaisaient à développer. N’était-ce pas leur rêve de voir leurs victimes s’entre-déchirer, en attisant la méfiance, la haine entre les différentes nationalités, les races, les Résistants et les assassins, les bandits et les voleurs, qu’ils avaient aussi jetés dans les camps.
Un frein était mis à ces débordements par quelques Russes qui, visiblement, faisaient autorité dans leur milieu. On chuchotait que c’étaient des Officiers de l’Armée Rouge. Cela devait se confirmer plus tard, lors de leur spectaculaire évasion. Mes deux camarades, Micka et Basile en faisaient partie.
Pendant le rude hiver 44-45, mon Meister, Péno Bindich, me demanda un jour, si je saurais faire des bagues avec des cuillères d’argent. Ajusteur de métier, avant d’être arrêté, devant la pénurie, j’avais déjà fabriqué de nombreuses bagues, alliances et chevalières avec des pièces de 2 F ou en acier chromé. Je passais un marché avec lui. Dans une cuillère, je lui taillerai une bague, et je

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Bagues de déportés volés par les SS.

garderai le reste de la matière pour en fabriquer pour mon compte. Ce fut convenu.

Où plaçait-il toutes ces bagues ? Pour ma part, en faisant ce travail, je ne participais pas à la production pour l’ennemi. Ce n’était pas pénible et puis cela me procurait de la nourriture. En effet, Péno Bindich me plaçait, autour de lui, bien souvent les bagues qui restaient ma propriété contre du pain, des cigarettes ou de la confiture. Les commandes étaient sporadiques, parfois je n’arrivais pas à fournir les modèles demandés. Ce supplément de nourriture était le bienvenu. Je le partageais, scrupuleusement, avec les camarades de mon petit groupe.
Puis tout s’arrêta, que c’était-il passé ? Bindich ne me demanda plus de bricole. Nous le regrettâmes tous.

Texte publié en mai-juin 1979 dans Le Serment N° 128