Association Française Buchenwald Dora et kommandos

Les prisonniers de Buchenwald

Dessin N°26 de Boris Taslitzky : "Petit Gitan de 14 ans"
Dessin N°26 de Boris Taslitzky : « Petit Gitan de 14 ans »

A Buchenwald, les déportés ne sont pas tatoués comme à Auschwitz, mais « étiquetés », et visiblement repérables par un triangle de couleur, cousu sur leur vêtement, qui indique leur nationalité et leur classification, selon les critères administratifs nazis. Les triangles rouges sont pour les prisonniers politiques, les verts pour des criminels et prisonniers de droit commun, les jaunes pour les Juifs ; jaunes et rouges pour les opposants politiques juifs, les roses pour les homosexuels, les mauves pour les témoins de Jéhovah, les noirs pour les marginaux, délinquants, qualifiés « d’asociaux ».
Les déportés soupçonnés de vouloir s’évader portent à la poitrine et au dos de leurs vêtements une cible peinte en rouge et blanc, enfin ceux que les SS qualifient d’imbéciles ont un brassard sur lequel est écrit « blöd » (« je suis idiot ») !
Les prisonniers sont des hommes essentiellement. Mais il y a aussi de nombreuses femmes, et des enfants qui sont envoyés dans des kommandos de travail de Buchenwald.

L’organisation interne de résistance du camp parviendra à sauver la vie de près de mille enfants, qui connaîtront ainsi la libération en 1945. Le plus jeune d’entre eux a quatre ans !
Les premiers prisonniers de Buchenwald (1937) sont des opposants politiques allemands au régime nazi : des communistes, des socialistes, des socio-démocrates, des libéraux-chrétiens. Ce sont eux qu’on appelle « les rouges ».
Arrivent en même temps des criminels allemands, « les verts », retirés des geôles pour laisser la place à tous ceux que le régime nazi arrête (et la liste est longue) .
Cette distinction de couleur est fondamentale dans la compréhension du monde de la déportation, car là résident toute l’ironie et le sadisme du système concentrationnaire nazi.
En effet, les SS, pourtant nombreux, constatent rapidement qu’ils ont un besoin accru d’assistance pour contrôler les déportés du camp qui affluent par milliers. Ils décident alors de déléguer une partie de leurs pouvoirs de police et de sanctions aux verts, prêts à tout pour une faveur SS.
Une centaine de kapos (surveillants déportés) verts, d’une brutalité abjecte s’occupent ainsi, entre 1937 et 1942, de l’administration et de la répartition du travail et de la nourriture dans le camp. Ils sont sans foi ni loi et règneront sans pitié sur le reste des déportés pendant cinq ans.

Dessin de Pierre Mania : « Corvée de soupe. Chaque block envoyait, aux heures des repas, des hommes qui rapportaient des bidons d’environ 50 litres chacun ».

A partir de 1942, les rouges parviendront, renforcés par l’arrivée de plus en plus massive de déportés étrangers antifascistes et résistants et après de violentes luttes avec les verts, à prendre le contrôle des postes-clé pour la vie du camp.
Ce changement des verts au bénéfice des rouges améliorera la vie quotidienne, grâce à un esprit de solidarité, une conscience et une expérience politique développée qui caractérisent certains des prisonniers politiques.

La vie à Buchenwald n’en reste pas moins effroyable, néanmoins les  » kapos rouges  » veillent à maintenir l’ordre, à limiter l’intervention des SS, à surveiller la gestion des magasins de vivres, et chose très importante, à accueillir à la place des SS les convois de déportés qui arrivent la nuit, en provenance de l’étranger ou d’autres camps nazis.
Les nouveaux, sans être reçus avec douceur, sont moins molestés que par les SS.

La hiérarchie parmi les déportés établit trois doyens du camp (Lagerältester I, II, III, un doyen par baraquement (Blockältester) et un responsable de chambrée (Stubendienst).

Les prisonniers juifs

Dessin N°6 de Boris Taslitzky : « Juifs polonais et hongrois »

Les premiers juifs arrivent à Buchenwald en 1938, massivement le 10 novembre 1938 après la Nuit de Cristal .
A leur arrivée au camp, un haut parleur hurle que s’ils « lèguent » leurs biens mobiliers et immobiliers à l’administration de Buchenwald, ils seront libérés.
Ce trafic dévalisera ainsi des milliers de Juifs pour la valeur de plusieurs millions de Reichsmarks (monnaie allemande de l’époque) au profit des SS et de leurs acolytes.
Les prisonniers juifs (plus tard les slaves et les Soviétiques) sont les plus maltraités.
Leur ration alimentaire est la moitié de celles des autres, et le commandant du camp s’amuse souvent avec quelques sergents SS à la faire empoisonner !
Les Juifs sont affectés aux pires kommandos de travail, notamment à la carrière de pierres. La mortalité est très grande.
Les SS lâchent régulièrement leurs chiens contre eux.
Une nuit, soixante-dix hommes deviendront fous à ce jeu. (consulter le témoignage de Emil Carlebach,  » The Buchenwald Report  » par David A. Hackett, Westview Press, 1995, pp. 165-168, ancien déporté communiste, Juif allemand, éminent membre de la résistance intérieure de Buchenwald contre les SS).

Photographie de déportés à la libération © AFBDK
Photographie de déportés à la libération © AFBDK
Photographie de déportés probablement du block 26 © AFBDK
Photographie de déportés probablement du block 26 © AFBDK
Photographie de déportés de Bergen-Belsen à la libération © AFBDK
Photographie de déportés probablement du block 26 © AFBDK
Photographie de déportés probablement du block 26 © AFBDK
Photographie de déportés probablement du block 26 © AFBDK

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