Notre association a 70 ans. Elle est née, sous le nom d’Amicale des anciens déportés de Buchenwald, en juillet 1945, trois mois après la libération du camp. Son président est le colonel Manhès, ses vice-présidents sont Marcel Paul, Maurice Jattefaux, Gaston Weill et Jean de Rudder, son secrétaire général est Jean Lloubes.
Le « programme » de l’amicale est simple : Union, Unité, Utilité. Union pour défendre une même idée, celle de reconstruire la France dans l’esprit du Serment ; unité pour être efficace ; utilité pour apporter reconnaissance officielle et aide aux déportés et à leur famille.
Il faut dire quelques mots des hommes qui composent le premier bureau de l’amicale. Manhès et Paul sont connus. Jattefaux est un instituteur de l’Hérault, membre du mouvement Combat et de l’Armée secrète. Arrêté en 1943 il fait partie du fameux convoi des Tatoués, passé par Auschwitz avant d’être transféré à Buchenwald en mai 1944, matricule 185777. C’est un franc-maçon notoire. Gaston Weill, matricule 39516, né en 1882, a été membre du mouvement « Liberté Egalité, Fraternité », le LEF, réseau de francs-maçons de la région parisienne. Jean De Rudder était l’imprimeur du journal Résistance. Arrêté en juin 1944, il a été déporté en août, matricule 81466. Jean Lloubes, responsable syndical et politique, receveur des PTT, communiste, arrêté dès novembre 1940, évadé, arrêté à nouveau en mai 1942 est finalement déporté à Buchenwald, matricule 51030. Il sera président de l’Association, sa carrière professionnelle achevée, de 1983 à 1991.
Tous ont été membres du Comité des Intérêts Français, le CIF. C’est un point important sur lequel Manhès insiste : tous les membres du conseil d’administration sont des résistants, tous les membres du bureau ont été membres du CIF.
De ce premier conseil d’administration – nous reviendrons dans les prochains numéros du Serment sur ses membres – il ne reste aucun survivant. Nous avons demandé à Olivier Lalieu, aujourd’hui vice-président de l’association et auteur du fameux livre La Zone grise ainsi qu’à Juliette Constantin, doctorante, d’évoquer les conditions dans lesquelles notre association s’est créée et pourquoi.
