
camp de Buchenwald
“Jedem das Seine” : “A chacun son dû”
Le camp de concentration nazi de Buchenwald se caractérise par la cruauté de son histoire et par sa spécificité politique.
Pendant huit ans, de juillet 1937 à avril 1945, le système concentrationnaire de Buchenwald exécute, élimine, torture, exploite, affame, déshumanise des centaines de milliers d’hommes, et livre à la postérité ce que l’humanité peut faire de pire et de mieux : des bourreaux qui ont martyrisé les hommes et des héros dont la solidarité a tantôt sauvé, tantôt rendu espoir à une masse humaine anéantie par la vie concentrationnaire.
Buchenwald est un camp de concentration, qui comme le dit bien l’expression, “concentre” des hommes d’horizons sociaux, politiques et géographiques les plus variés et les plus lointains.
Le travail s’exécute dans des conditions insoutenables et à un rythme infernal. Les prisonniers sont mordus par les chiens des SS, battus, souvent abattus, humiliés, sous-alimentés ; aucune installation sanitaire aussi rudimentaire soit-elle n’existe pendant les deux premières années d’existence du camp; les outils sont rares et c’est avec leurs mains que les déportés défrichent le terrain, portent d’énormes mottes de terre et des pierres qui leur coupent les mains, des sacs de ciment, de l’eau, des rails, etc…
En été, on travaille de l’aube au soir. Les déportés sont réveillés dans le vacarme et les coups entre trois et quatre heures du matin. Pas question pour les nazis de perdre une seconde dans l’élaboration du Reich (empire) dément d’Hitler qui assassinera des millions d’êtres humains au nom de théories antisémites, raciales, politiques et économiques fondées sur l’idée qu’il n’existe que trois catégories d’individus : la race des Seigneurs, la masse des anonymes et la classe des sous-hommes.
Buchenwald, c’est l’histoire du destin tragique de la déportation ; c’est aussi l’histoire unique du mur impénétrable qu’un mouvement de résistance clandestine à l’intérieur du camp, composé de déportés politiques antifascistes, d’abord des communistes allemands, ralliés ensuite par d’autres nationalités puis d’autres obédiences politiques, oppose à l’organisation SS du camp, permettant ainsi de sauver des milliers de vies, et de rendre moins inhumaine la fin de ceux qui ne peuvent survivre.
Buchenwald, situé en plein cœur de l’Allemagne dans la province de Thuringe, est à peine à quelques kilomètres de la ville de Weimar, où vécurent bien des hommes célèbres, dont le peintre Cranach, les poètes Schiller et Goethe, les compositeurs Bach, Beethoven et Liszt.
Weimar-Buchenwald, c’est le face-à-face de la culture et de la barbarie. Buchenwald, qui signifie ” la forêt de hêtres “, est flanqué sur le versant nord d’une colline, le Ettersberg, où un mauvais vent souffle en permanence. Les déportés l’appellent ” le souffle du diable “, et il leur rend la vie plus dure encore.
Ce sont les prisonniers eux-mêmes qui, dès juillet 1937, doivent construire les baraquements de bois qui les abritent, les bâtiments en dur, casernes et autres maisons où vivent les soldats SS et les responsables du camp.
Agnès Triebel

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