Louis Gros nous a quittés le 11 mai 2019, Il était né le 26 décembre 1924 à Escles, près d’Epinal, dans les Vosges. En 1942, sa famille abrite un couple de résistants auquel Louis apporte son aide. Il est arrêté le 15 novembre 1942 et à l’issue d’un procès, condamné le 26  décembre 1942 à dix-huit mois de réclusion. Dans ses Mémoires, intitulées La Margasse, il note la coïncidence entre sa date de naissance et celle de sa condamnation, son âge et la durée de sa peine. Après être passé par Clairvaux puis Châlons-sur-Marne, il est transféré à Compiègne puis déporté à Buchenwald par le convoi du 12 mai 1944. A partir d’octobre, il est affecté au Kommando des débardeurs en gare de Buchenwald pour décharger les trains qui apportent matériaux, charbon, ravitaillement mais aussi, début 1945, les cadavres de déportés arrivant des camps de l’Est, évacués. En avril 1945, il échappe aux « marches de la mort » et le mercredi 11 avril vers 16 heures, apres avoir vu de son block, le 36, l’abandon du mirador qui lui fait face, il « monte » sur la place d’Appel et « voit la porte Jedem das Seine s’ouvrir pour laisser passer un soldat en uniforme kaki. « Il entre sans hésiter, d’un pas décidé. Il se dirige vers nous. (…) En une fraction de seconde nous découvrons que son uniforme, son casque couvert d’un filet de camouflage, des étoiles dorées, ses galons, ses chaussures et son allure… ne peuvent appartenir qu’à un Américain ». Il s’agit du capitaine Keffer. Vers 17h, c’est la Jeep de Bodot et Dessard qu’il aperçoit. Apres son retour en France, Louis Gros reprendra ses études à l’Ecole nationale Professionnelle d’Epinal puis intégrera pour une courte durée, la SNCASO en région parisienne, avant de se reconvertir dans l’architecture. Il effectuera de nombreux voyages à Buchenwald, le premier en 1957, et sera un témoin précieux auprès de nombreux jeunes. Il a entretenu une correspondance avec Keffer dont des extraits sont publiés dans La Margasse.

Paru dans Le Serment 374