Les 60 ans du Mémorial de Buchenwald

Différentes manifestations ont marqué la commémoration de l’inauguration du « Mémorial national du souvenir » de Buchenwald. En 1958, 900 « pèlerins » français avaient participé à cet événement dont Le Serment numéro 36 (voir plus bas) fit un large compte-rendu. Des visites commentées par Rikola-Gunnar Lüttgenau, ont été organisées à cette occasion.

Voici 60 ans, le 14 septembre 1958, le « Mémorial national du Souvenir de Buchenwald » a été inauguré sur le versant sud de l’Ettersberg. Voulu par les internés antifascistes allemands et conçu pour, d’une part, glorifier leur résistance incontestable dans le camp, mais aussi affirmer la RDA comme l’état anti nazi face à l’Allemagne de l’Ouest et l’Alliance Atlantique, cet ensemble monumental obéit au culte héroïque du réalisme socialiste, mais cet ensemble laisse en même temps transparaître, à travers le langage des formes, des liens évidents avec l’architecture nationaliste et conservatrice des mémoriaux, apparue à la suite de la Première Guerre mondiale et perpétuée avec vigueur par l’Allemagne nazie.
Le plan d’ensemble s’articule autour de trois espaces. Une « Voie de la souffrance », large escalier bordé de sept stèles rappelant les souffrances des détenus et qui conduit vers les trois charniers de Buchenwald, une descente dans la nuit du fascisme ; puis une « Route des Nations », bordée de monuments qui incarnent la solidarité internationale combative ; et enfin la montée des « Marches de la Liberté » couronnée par la sculpture des détenus libérés réalisée par Fritz Cremer (1906-1993) et inspirée par les fameux bourgeois de Calais de Rodin. Chaque personnage associe dans sa présentation le poids de la vie du camp et la résolution d’en sortir. La « Tour de la Liberté » domine l’ensemble.
Dans son discours inaugural, Otto Grotewohl, alors Président de la République démocratique allemande voulait que « ce monument ne soit pas une pierre morte ». Il devait dire aux générations futures « la lutte courageuse contre les tyrans, pour la paix, la liberté et la dignité humaine (…) et laver devant le monde entier le nom de l’Allemagne, tant souillé et avili par le fascisme hitlérien ».
Alors président du Comité international des rescapés de Buchenwald, Marcel Paul saluait « cette idée courageuse d’édifier un monument de la mémoire contre les crimes des fascistes et des militaristes allemands (pour) former dans l’âme des générations montantes la plus solide des barrières contre le retour aux entreprises d’agression et d’oppression qui, de 1925 à 1945 ont constitué le malheur et la honte de l’humanité entière ».

Article paru dans Le Serment N°370