Arrive à Buchenwald le 4 septembre 1943, matricule 20543.
Né à Bordeaux, Hélie Denoix de Saint-Marc est le cadet d’une fratrie de sept enfants. après ses études il hésite entre prononcer des vœux monastiques et s’engager dans l’armée. Il choisit l’armée, et la défaite de 1940, le consterne aussi entre-t-il tout naturellement dans la Résistance, à l’âge de 19 ans, en février 1941, intégrant le réseau Jade-Amicol, dont l’activité consiste à obtenir des renseignements pour le compte de l’Intelligence Service britannique dans le sud-ouest de la France. Dénoncé, il est arrêté le 14 juillet 1943 à la frontière espagnole. Il est ensuite interné puis déporté à Buchenwald par le convoi I.131 du 2 septembre 1943. Il est transféré au Kommando de Langenstein le 26 septembre 1944, où il est affecté à l’avancée du tunnel. Au bout de quelques mois, atteint de dysenterie et de tuberculose, il est ,hospitalisé au Revier du camp. Lorsque le Kommando est libéré par les Américains, Hélie Denoix de Saint-Marc gît inconscient dans la baraque des mourants. Dans une allocution prononcée en 2007 devant ses camarades de déportation, il dit : « […] A Langenstein, il n’y avait ni bourgeois, ni ouvriers, ni paysans, ni aristocrates, ni professeurs, ni étudiants, ni voyous, mais des hommes crevant de froid, de faim, astreints aux travaux les plus pénibles et dont la plupart tombaient pour ne jamais se relever. Ces conditions terribles faisaient apparaître la vérité intérieure de chacun, qui ne se serait pas révélée en d’autres temps, avec parfois la lâcheté, la cruauté, la délation, mais parfois aussi une générosité et un courage sans pareil. Bien souvent, nous avons découvert la bassesse là où nous l’attendions le moins et la grandeur d’âme et l’altruisme là où nous ne l’aurions jamais supposé. Toute notre vision du monde en a été ébranlée. […] » Rentré en France, et grâce à une mesure exceptionnelle prise à la fin de la Seconde Guerre mondiale réservée aux anciens résistants, il est admis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, où il devient officier et choisit de servir au sein de la Légion étrangère, ce qui l’amène à se battre en Indochine. La, il est marqué par la terrible expérience d’abandonner à leur sort des villageois ayant soutenu les Français. C’est ainsi qu’il explique sa décision de participer au putsch des généraux d’Alger. La tentative de coup d’État échoue, et il se constitue prisonnier. Pour avoir « préféré le crime de l’illégalité au crime de l’inhumanité », comme il l’a écrit dans ses Mémoires, il est condamné à une peine de dix ans de réclusion criminelle. Il passe cinq ans dans la prison de Tulle, puis est gracié, le 25 décembre 1966. après sa libération, il s’installe à Lyon avec l’aide du président de la Fédération des Déportés et commence une carrière civile dans l’industrie. En 1978, il est réhabilité dans ses droits civils et militaires.
Hélie DENOIX de SAINT-MARC est décédé le 26 aout 2013 à La Garde-Adhémar dans la Drôme.
Extrait de BUCHENWALD PAR SES TÉMOINS, Histoire et dictionnaire du camp de concentration de Buchenwald-Dora et de ses Kommandos (1937-1945), éditions Belin, 2014