Premier secrétaire général de l’Association française Buchenwald-Dora et Kommandos, en 1945 et 1946 puis Président de 1983 à 1991, ce militant syndical des PTT avait été arrêté des novembre 1940 et condamné à 10 mois de prison pour propagande communiste. Jean, né en 1909, commis à Paris RP, avait été l’un des fondateurs, en 1935, du syndicat national des agents, réunifiant les confédérés et les unitaires qui s’étaient séparés en 1922. Des 1938 cependant les accords de Munich puis la grève générale lancée par la CGT en novembre avaient lézardé cette union et Jean avait été écarté des postes de responsabilités après la signature du pacte germano soviétique en août 1939.
Incarcéré à Fresnes puis à la Santé, défendu par l’avocat Georges Pitard, il n’a guère d’illusion sur son avenir quand il est libéré, au terme de sa peine, le 22 juin 1941. Amené au dépôt de la préfecture de police on lui propose de renier son parti ou d’être emmené dans un camp d’internement. Il reste au dépôt. Il s’en évade le 7 juillet, en même temps que Pierre Hervé, un breton, comme lui, Hervé qui deviendra l’un des dirigeants du mouvement Libération en zone sud. D’abord réfugié près de Blois, il intègre à nouveau la résistance communiste en Région parisienne et est arrêté en mai 1942 à Saint Mandé. Deux jugements, deux condamnations, le long périple des prisons françaises, la Santé, Melun, Chalons, puis Compiègne et Buchenwald où il est le KLB 51030. Stubendienst au camp des tentes puis Block 64 (adjoint au chef de Block).Très rapidement il devient le troisième responsable de la résistance française dans le camp aux cotés de Marcel Paul et Manhès. Après la Libération il reprend sa place de syndicaliste à la Poste et est membre du bureau de la Fédération CGT des PTT de 1945 à 1969. Sa grande satisfaction était « d’avoir continué à lutter inlassablement pour la sauvegarde de sa dignité d’homme », d’avoir « découvert chez ceux qui partageaient son sort tant de courage et d’abnégation », d’avoir pu constater que « leur idéal n’avait jamais faiblit et qu’ils n’avaient jamais regretté l’engagement qui les avait conduit dans l’univers concentrationnaire ».
Paru dans le Serment N°239