MONNENMACHER Joseph KLB 38730

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Né le 14 août 1924 à Dursenheim dans le Bas-Rhin. À la déclaration de guerre, ses parents se réfugient en Haute-Vienne. En 1943, il rejoint les rangs de l’AS (Armée secrète). À la suite d’une dénonciation, il est arrêté le 17 novembre et transféré à la prison de Limoges. Là, les Allemands lui laissent le choix : la nationalité allemande ou la nationalité française ! Il faut rappeler que depuis l’armistice (juin 1940), l’Allemagne a annexé l’Alsace, ce qui signifie que les Alsaciens sont citoyens allemands et donc susceptibles d’être incorporés dans la Wehrmacht. Il choisit de garder la nationalité française. Cela lui vaut la déportation. Il arrive à Buchenwald le 16 décembre 1943 et devient le matricule 38730. Après avoir effectué sa période de quarantaine au Block 59 du Petit camp, il est transféré au Block 10 du Grand camp où il est affecté à différents Kommandos intérieurs. Le 13 mars 1944, il est envoyé à Dora, Block 109. Fin novembre, il est de nouveau transféré, cette fois au Kommando d’Artern. Ce Kommando est évacué à pied le 5 avril 1945 en direction de Tröglitz. Le 8 avril, le convoi est regroupé avec les membres du Kommando de Rehmsdorf. 2 200 détenus sont entassés dans des wagons découverts, en direction de la Tchécoslovaquie. Après trois jours d’errance, la locomotive tombe en panne à Marienberg. Le convoi repart le 16, le train est bombardé, ce qui permet quelques évasions. Les survivants arrivent le 20 avril à Leitmeritz, puis le 30 à Beneschau. Il parvient à s‘évader et est libéré le 3 mai. Joseph Nonnenmacher regagne la France le 25 mai 1945.

Joseph MONNENMACHER est décédé le 30 juin 2021 à Brives-Charensac en Haute-Loire.

Paru dans Le Serment N°383

 

Joseph Nonnenmacher, déporté à Buchenwald et Dora

Les élèves de 3 e du collège public Marguerite-Thomas ont accueilli dernièrement Joseph Nonnenmacher, déporté, pour un témoignage poignant.

À 94 ans, l’homme continue de témoigner auprès de la jeunesse. Pour qu’on n’oublie pas. « Vous allez vivre l’histoire par celui qui l’a vécue », résumait en préambule à l’intervention de Joseph Nonnenmacher auprès des élèves de 3 e du collège public Marguerite-Thomas, M. Camels, qui l’accompagne.

Dix-huit mois Joseph Nonnenmacher a été déporté dix-huit mois. Cet Alsacien d’origine est venu vivre près de Limoges en 1939 avec sa famille « parce que le choix était : rester en Alsace et devenir Allemand ou venir à l’intérieur ».

Le 17 novembre 1943, il est arrêté et jeté en prison à Limoges ; « nous étions gardés par des SS et j’ai reçu beaucoup de coups ».

Il est transféré vers Compiègne et embarqué dans un train, « à 170 par wagon pendant deux jours et deux nuits ». Direction : le camp de Buchenwald. « En débarquant dans le camp, sous la neige, on a vu des montagnes de cadavres qui attendaient d’être brûlés. » Après avoir été débarrassé de ses habits, il revêtira comme ses compagnons « la tenue de bagnard avec le matricule 38730 ».

L’homme raconte ses journées dans le camp. Son travail dans une carrière à charger des pierres pour construire une voie ferrée, surveillé par des kapos. Les repas, enfin le peu de soupe et de croûtons de pain qu’ils avaient pour tenir. Une journée type, qui commence à 4 heures du matin pour se terminer à 23 heures. Il raconte, devant des collégiens attentifs et très émus. « Notre cerveau ne peut pas imaginer ce que l’homme a vécu », commente son accompagnateur.

En 1945, Joseph Nonnenmacher est envoyé dans un autre camp, Dora, « une représentation de l’enfer », un site affecté à la construction de missiles. Le 5 avril, le camp est évacué. Il raconte son errance sur les routes, « il fallait marcher, les traînards étaient tués par les SS ».

Un témoignage fort et émouvant pour les collégiens, dont certains participeront au concours national de la Résistance et de la Déportation qui a pour thème cette année, « S’engager pour servir la France ».