BIOGRAPHIE
Né le 25 mai 1921 à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique, il est tourneur aux chantiers navals. En 1941, il est nommé, chef de groupe, au Front National (Front national de Lutte pour la Libération et l’indépendance de la France), il distribue des tracts et des journaux clandestins. En 1942, son mouvement se structure en Organisation Spéciale, préparation aux Francs-Tireurs et Partisans, il devient responsable de section. Il est arrêté le 3 août 1942 à Saint-Nazaire sur son lieu de travail par la SPAC « Service de Police Anti-Communiste » et la Gestapo. Il est interné dans différentes prisons, Saint-Nazaire, Nantes, Angers, Vitré, Laval jusqu’au 19 mars 1943, Poissy, Melun, Chalons-sur-Marne. Il est remis à la police allemande le 24 avril 1944 et transféré à Compiègne le 12 mai. Déporté le jour même, il arrive à Buchenwald le 14 mai, où il devient le matricule 51807. Il effectue sa période de quarantaine au Zeltlager, le camp des tentes du Petit camp. Le 11 juin, il est transféré, au Kommando de Schönebeck qui est chargé de la fabrication de pièces d’avions Junkers. Accusé de sabotage, il est envoyé, à titre de punition, le 24 octobre, au Kommando de Rottleberode, où la chaîne « Kugeipfanne » dédiée à la fabrication de trains d’atterrissage, initialement installée à Schönebeck, a été reconstituée, dans un vaste ensemble d’usines souterraines. Le Kommando est évacué le 4 avril 1945 lors d’une marche de la mort en direction du camp de Sachsenhausen, qu’il atteint le 16 avril. Nouvelle évacuation, à l’issue de laquelle, il sera libéré le 8 mai par les troupes russes à vingt-cinq kilomètres de Wittstock (Land de Brandebourg).
Il regagne la France le 22 mai 1945.
Louis GRAVOUIL est Chevalier de la Légion d’honneur, il est décédé le 22 février 2022 à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique.
Il a relaté son parcours concentrationnaire dans le livre Déporté mais pas vaincu, éditions Liv’Editions, 2010, ISBN 978-2-84497-182-1.
Paru dans Le Serment N°384
Déporté mais pas vaincu
Présentation de l’éditeur

Louis Gravouil, né en 1921, vit aujourd’hui à la résidence Jean-Macé à Saint-Nazaire. Il sera promu Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur le 7 février prochain, lors d’une cérémonie en mairie. Cet ancien salarié des Chantiers navals de Penhoët, entré dans la Résistance en 1940, a été arrêté durant l’été 1942.
« Le 3 août 1942, vers dix heures, aux Chantiers, le contremaître est venu me dire que l’on me demandait au bureau du chef de pointage. J’ai pris la liste que j’avais dans mon portefeuille et l’ai glissée dans une de mes chaussettes. Elle comportait les 35 noms de mes camarades de section. Quelle bonne idée j’ai eue ! » En effet, grâce à ce stratagème, la liste ne sera pas découverte : il a pu s’en débarrasser, la jetant dans les toilettes, avant qu’elle ne tombe aux mains de la Gestapo.
Nantes, Angers, Vitré, Laval… Il a été transféré plusieurs fois puis déporté à Buchenwald en mai 1944. Il y porte le matricule 51 807, orné du triangle rouge des prisonniers politiques. « La faiblesse nous submergeait et nous avions faim, très faim. Que de repas avons-nous faits, en pensée, lorsque nous nous invitions avec un bon poulet et du chocolat », raconte t-il dans son livre Déporté mais pas vaincu (Liv’éditions) paru en 2010. Je me souviens m’être dit souvent, ils auront la graisse mais pas les os, malheureusement les muscles aussi s’en allaient et la force physique devenait chancelante. »
Le camp de Buchenwald est libéré en avril 1945. Il rentre dans sa famille, réfugiée à Guenrouet. « Lorsque je frappai à la porte, ma maman me dit : « Monsieur, que voulez-vous ? » Elle ne me reconnaissait pas. Je lui ai dit : « Maman, c’est moi, ton gars » et je l’ai prise dans mes bras. »
Louis Gravouil sera réintégré aux Chantiers, où il travaillera comme contrôleur tourneur, jusqu’à sa retraite.