Résistant, déporté à Buchenwald puis dans différents Kommandos, Lucien Colonel nous a quitté à l’âge de 91 ans, dans la nuit du 20 au 21 janvier 2017.
Entré dans la Résistance au sein du mouvement Libération Sud il avait été agent de renseignement et de liaison entre la Savoie et l’Isère, transportant et distribuant des tracts et des journaux clandestins.
Le 11 novembre 1943, lors de la commémoration de la Grande Guerre au monument aux morts de Grenoble, il est arrêté avec 400 autres jeunes. Après un transfert à Compiègne, il est déporté le 17 janvier 1944 à Buchenwald, à Dora puis aux Kommandos d’Osterhagen, de Mackendrode et de Wieda. Au total, il restera 18 mois détenu, dont 16 mois en univers concentrationnaire.
Évadé mais repris par les SS en avril 1945, il parvient à s’échapper dès le lendemain et évite ainsi la tragédie de Gardelegen où périrent brûlés vifs 1016 déportés.
Quand il est rapatrié en France, en juin 1945, il pèse 36 kg. Il est successivement hospitalisé à Aix-les-Bains, puis au plateau d’Assy, où il apprend la photographie.
Lucien Colonel intègre la rédaction du Dauphiné Libéré en 1952 comme reporter-photographe, jusqu’à diriger le service photo haut-savoyard jusqu’à sa retraite, en juin 1980.
Lucien Colonel a déployé une énergie inlassable pour que les nouvelles générations prennent conscience du déni d’humanité que l’Europe a connu sous le nazisme. Membre dirigeant des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, il n’a eu de cesse d’éveiller les consciences, participant ou initiant sans relâche des rencontres avec des collégiens et des lycéens, notamment. Il avait mis sur pied une exposition itinérante sur l’univers concentrationnaire nazi, accompagnait des visites dans les camps de concentration et était membre, dans son département, du jury du Concours national de la Résistance et de la Déportation.
Source : Le Serment N°364