FÜRST Naftali KLB 120041

Le 9 avril 2022, le Comité international Buchenwald Dora et Kommandso (CIBD) élisait à l’unanimité son 5ème et nouveau président, l’ancien déporté Naftali Fürst. Actif au sein du CIBD depuis de nombreuses années en tant que Vice-Président du Comité représentant Israël, Naftali Fürst avait également été nommé à la tête du Conseil des Anciens détenus de Buchenwald près la Fondation des Mémoriaux de Buchenwald et Mittelbau-Dora, prenant la succession de Floréal Barrier au décès de celui-ci, en 2015. Il est citoyen d’honneur de la Ville de Weimar.

© Naftali Fürst

Naftali (Duro) Fürst naît en Slovaquie en 1932 au sein d’une famille d’industriels du bois. Son frère Shmuel (Peter) et lui vivent une enfance très heureuse auprès de parents unis et aimants, mais leur bonheur sera de courte durée, leur enfance et leur vie familiale saccagées par le national-socialisme et la déportation.

Dès le début de la guerre et l’invasion par les troupes hitlériennes de son pays, la vie de la famille Fürst n’est plus que contraintes, interdictions, caches et traques. Arrêtés le 9 mai 1942, parents et enfants sont envoyés au camp de concentration de Sered, en Slovaquie. Naftali est âgé de neuf ans. Deux ans et demi plus tard, en novembre 1944, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau.

Une succession de « miracles » vont permettre que lui, son frère et ses parents survivent à la Shoah et se retrouvent tous, après la guerre, à Bratislava. Le premier de ces miracles fut d’arriver à Auschwitz-Birkenau, le 3 novembre 1944, lendemain du jour où Himmler avait donné l’ordre que cessât le fonctionnement des chambres à gaz. La première vision de Naftali fut certes, en arrivant à Birkenau, celle de la cheminée du crématoire crachant des flammes immenses, mais les gazages avaient été arrêtés[1]. Auschwitz -Birkenau allait sceller leur destin : le père reçut le matricule B-14024, Shmuel B-14025 et Naftali B-14026. La mère fut transférée au camp des femmes de Birkenau.

Envoyés au Block 29 des enfants, à Birkenau, où ils connaissent les souffrances de l’absolu dénuement, puis au camp de Budy, annexe agricole du camp d’Auschwitz, Naftali et son frère sont évacués le 19 janvier 1945 au cours d’une marche de la mort vers Buchenwald.

Le second miracle pour Naftali fut d’être placé au Block 66 du Petit camp de Buchenwald sous la protection d’Antonin Kalina. Résistant communiste tchèque, arrêté en 1939, déporté à Dachau puis Buchenwald, celui-ci était le chef du bloc 66. Il mit tout en œuvre pour protéger la vie des enfants de son Block. Le titre de Juste parmi les Nations lui fut décerné en 2012, de façon posthume, pour le sauvetage de plus de 900 enfants juifs à Buchenwald.

Une photo, prise par un soldat américain à la libération du camp de Buchenwald, fera le tour du monde : celle de prisonniers squelettiques à l’intérieur d’un baraquement dans lequel végétait, sur la même paillasse que Naftali Fürst, un autre jeune garçon : Elie Wiesel, futur Prix Nobel de la Paix.

© Harry Miller, National Archives, Washington

Naftali Fürst, inlassable témoin en Europe, en Allemagne et en Israel, est l’auteur d’une autobiographie: Wie Kohlenstücke in den Flammen des Schreckens, Eine Familie überlebt den Holocaust. Il vit à Haïfa en Israël, auprès de sa compagne, Tova Wagman Siegel. Il a une fille, Ronit, quatre petits-fils et des arrière-petits enfants qui vivent en Israël.

Agnès Triebel

[1] Naftali Fürst, Wie Kohlenstücke in den Flammen des Schreckens, Eine Familie überlebt den Holocaust, Neukirchener Verlag, 2020, édité par Annette Hirzel, p. 81 – https://furstnaftali.com/