Né le 4 février 1926, dans le 8ème arrondissement. de Paris. Il passe sa petite enfance chez ses grands-parents à Blesle, en Auvergne. En octobre 1932, il rejoint ses parents qui tiennent une épicerie à Vitry-sur-Seine. En 1939, il se présente au concours d’entrée de l’école des Enfants de troupe d’Epinal. Il est reçu et rejoint l’établissement qui s’est replié à Niort. Le 15 juin 1940, les troupes allemandes pénètrent dans la caserne. Le 25 juin, l’école se replie à Chomérac en Ardèche, puis le 1er octobre, à Montélimar en zone dite « libre ».
Le 8 mai 1944, il rejoint l’école de la Garde à Guéret. Suite au débarquement du 6 juin 1944, l’ensemble du personnel de l’école, élèves compris, rejoignent le maquis et participent à la libération de la ville de Guéret, c’est ce jour-là qu’il connait le baptême du feu. Suite à la contre-attaque des Allemands le 11 juin, ils sont obligés de décrocher à Janaillat situé à une vingtaine de kilomètres. Ils ont en face d’eux des éléments de la division SS Das Reich régiment Der Führer, unité qui s’est tristement illustrée, le 9 juin à Tulle et le 10 juin à Oradour-sur-Glane. Il est fait prisonnier avec ses camarades et emmené à Limoges pour y être fusillé. Rassemblés sur le champ de tir pour y être exécutés, ils sont sauvés grâce à l’intervention en leur faveur, d’un sergent de la Wehrmacht qui était l’un de leur ancien prisonnier qu’ils avaient été bien traité, lors de la prise de Guéret. Par la suite, ce fut la Gestapo de Poitiers, puis le 13 juin, il est envoyé à Compiègne qu’il rejoint le 16 juin. Le 16 août, il fait partie des 1250 internés embarqués dans des camions pour rejoindre le carrefour Bellicard en forêt de Compiègne, où les attend un train de marchandises. Ce n’est que le 17 au matin, que le train s’ébranle en direction de Buchenwald qu’il atteindra le 21 août. Il devient le matricule 78617, il passe sa quarantaine au camp des tentes dans le Petit camp, il est affecté durant cette période au Kommando de la carrière. Puis le 13 septembre, il est désigné avec 420 détenus pour un « transport » à destination du Kommando de Neu-Stassfurt situé à 200 kilomètres de Buchenwald et à une trentaine de kilomètres de Magdeburg. Le camp est planté au milieu d’une lande déserte, il comporte cinq Blocks, deux pour les déportés, un pour la cuisine, un autre pour la réserve et enfin un pour les lavabos et l’infirmerie. Il est affecté au Block 1 et immédiatement dirigé vers le carreau de la mine de sel de potasse située à 1500 mètres du camp. Il doit à plus de 460 mètres sous terre pendant 12 heures, soit en équipe de jour, soit de nuit, creuser et aménager les immenses salles de la mine en vue d’y implanter une usine souterraine pour la fabrication de moteurs d’avions à réaction.
Le Kommando est évacué le 11 avril 1945 devant l’avance des alliées. La Marche de la mort durera jusqu’au 8 mai 1945, date où ils furent libérés par les troupes soviétiques à Annaberg au sud du Land de Saxe. Plus de 380 kilomètres furent parcourus par des déportés qui avaient pendant sept mois travaillés sous terre, dans la mine de sel. Le 20 mai, il regagne Vitry-sur-Seine où il retrouve ses parents. Après quatre mois de convalescence, la Gendarmerie se rappelle à son bon souvenir, il est affecté au Maroc au sein d’un escadron de chars à la 12° Légion de la Garde Républicaine.
En 1950, avec le grade de Maréchal des logis, il est muté en Indochine. Il rejoint le Grand Delta, affecté au poste du Piton, en qualité de commandant de compagnie, puis se sera Hanoï au secrétariat d’un colonel. Le 5 mars 1953, retour en métropole, où il est admis à l’école des Officiers de la Gendarmerie à Melun. En septembre 1956, il part en Algérie à Souk Ahras dans l’est Algérien en qualité d’adjoint du commandant de l’escadron, puis à Saint-Denis-du-Sig dans l’Oranais où il prend le commandement d’un commando de chasse, le Partisan 20.
En janvier 1960, promu capitaine, il regagne la métropole, affecté à la compagnie de gendarmerie d’Albi. En juillet 1971, il quitte la Gendarmerie, il devient formateur à l’École technique coopérative de Paris. Il prend sa retraite en 1981. Depuis cette date, il se consacre principalement à l’Amicale des Anciens Déportés de Neu-Stassfurt et en 1982, il en devient le président. Il intervient dans de nombreux lycées et collèges à travers la France pour maintenir la mémoire de la Déportation. Tous les ans jusqu’en 2020, il participe à la cérémonie devant la stèle du dernier convoi de Déportation parti de Compiègne.
Pierre BUR est Commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Croix de Guerre des TOE, de la Croix de la Valeur militaire, de la Croix du Combattant, de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance, de la Médaille de la Déportation pour faits de Résistance. Il est décédé le 29 avril 2021 à Bourg-lès-Valence dans la Drome.
Il a relaté son parcours dans un livre Un képi malmené aux éditions Selena, et a collaboré dans un livre collégial Un pas, encore un pas … pour survivre édité par l’Amicale des Anciens de Neu-Stassfurt, Marielle édition.
Jean-Luc Ruga
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