PROVOST Pierre KLB 39705

Né le 28 novembre 1895 au Port-Marly dans le département des Yvelines, il est apprenti serrurier auprès de maîtres-artisans. Apprentissage professionnel diversifié, éducation sociale et mutualiste ne font qu’un. Il apprend complètement 7 métiers: mécanique, ajustage, outillage, serrurerie, chaudronnerie, charpente Fer et Bois, ferronnerie d’art. Il est mobilisé quand la Première guerre éclate.Dirigé par les autorités militaires, vers la Guinée (1916). Il apprend à fabriquer pour celles-ci ses premiers tampons. Ayant contracté le paludisme, il est rapatrié à Fréjus. Breveté des Arsenaux, il est orienté alors vers le Front d’Orient (1917-19), à l’entretien et à la réparation des avions au Parc aéronautique de Salonique (Grèce). Dans l’entre-deux-guerre, il est correcteur de dessin d’Étude et contre-maître d’outillage de précision, aux usines Hispano-Suiza. Dès 1940, il prend contact avec la résistance. Il fabrique l’outillage de reproduction et les papiers qui facilitent passage et ravitaillement des juifs, des étrangers, des résistants. En mai 1943, sous-lieutenant FTPF ( Francs Tireurs Partisans Français), il prend une responsabilité importante dans l’appareil technique : fabrication de moteurs clandestins et appareils radios. Il est arrêté le 27 juillet par la Gestapo. Incarcéré à Fresnes, où il est regroupé dans la division des otages et pour cela transféré au Fort de Romainville, puis en octobre, il est interné au camp de Royallieu à Compiègne. Déporté le 17 janvier 1944 à Buchenwald qu’il atteint le 19 et reçoit le matricule 39705. Il effectue sa période de quarantaine au Block 59 du Petit camp, puis intègre le Block 31 du Grand camp. Le 17 février il est affecté au Kommando intérieur du Bahnhof Weimar-Nord (manutention à la gare de Weimar-Nord), le 3 octobre au Baukommando I (construction) et le 5 décembre retour au Kommando Bahnhof Weimar-Nord. Il décide dès son arrivée de fixer la mémoire de ces lieux tragiques dans du métal, parce que c’est un matériau durable. En quinze mois de vie au camp, il réalise quantité de médailles et d’objets (statuettes, briquets, broche avec coffret et bague pour sa femme, et surtout des médailles de témoignage ou d’amitié, de la Camaraderie. Les matières premières sont trouvées sur place et récupérées après une patiente et prudente observation, par lui, par la résistance, ou obtenues par troc (parfois d’autres gravures, sur un couteau par exemple) : hêtre, chêne de Goethe après qu’il ait été enflammé par le bombardement des usines, cuivre de l’usine, cuillères d’argent, pièces de 5 marks, noyer des crosses de fusil… Il grave avec des instruments de fortune (baleine de parapluie) ou qu’il fabriquer en échoppe. Il travaille quand les SS s’absentent du camp (alertes aériennes, parfois le dimanche…), toujours clandestinement et avec une garde de protection – dans l’atelier ; au Block 31, où il parvient à “tremper” ses métaux ; dans une cachette sous le Revier, avec l’alibi de réparer des instruments de chirurgie. Il est libéré le 11 avril 1945. Il était membre de la Brigade Française d’Action Libératrice.

Pierre PROVOST est décédé le 8 octobre 1986 à Villejuif dans le Val-de-Marne.