Ma Déportation
1940. Emile Torner a 15 ans quand ses parents, juifs, décident de quitter la France, craignant l’arrivée imminente de l’armée allemande. Quatre ans plus tard, tandis que ses parents sont cachés chez des amis, Emile s’engage dans la Résistance. Au sein de la Compagnie Surcouf, il est arrêté en juillet 1944, dans le maquis creusois. Il est aussitôt envoyé en Allemagne, à Cologne, Stolberg, puis Buchenwald. Là, il passe à la désinfection et reçoit son numéro de matricule : 80 655.
Au bout de quelques mois, il est finalement envoyé à Langenstein, dans un des Kommandos de Buchenwald, où il passe ses journées à creuser une usine souterraine. Très vite, les sacs de ciment qu’il porte pèsent plus lourd que lui. A Langenstein, l’espérance de vie ne dépassait pas six mois.
Libéré en mai 1945 par les armées alliées, il pesait alors 28 kilos. De retour à Paris, à l’Hôtel Lutetia, son père a du mal à le reconnaître et sa mère pleure en le découvrant. Il doit ensuite passer une semaine à l’Hôpital Saint-Louis à cause d’une gale surinfectée.
En 1975, il commence à témoigner dans les collèges et lycées et remarque au fil des ans l’évolution des élèves vis-à-vis de la Déportation. Adhérent à la FNDIRP depuis son retour des camps, il regrette aujourd’hui qu’on oublie trop souvent de parler des Résistants lorsqu’on évoque la Déportation…
Témoignage enregistré le 23 mars 2009, au domicile de M. Torner.