Le conseil d’administration du Comité international Buchenwald-Dora s’est réuni à Weimar les 26 et 27 aout 2016, afin de préparer le 80e anniversaire de la création du camp de concentration nazi de Buchenwald, les cérémonies du 72e anniversaire de la libération du camp et autres initiatives liées à l’ouverture du nouveau musée de Buchenwald et à l’installation de l’exposition permanente « Le travail forcé sous le IIIe Reich » à Weimar. A cette occasion, les déportés-membres du Conseil ainsi que les représentants des générations ultérieures qui sont leurs héritiers moraux, ont réaffirmé leur attachement aux principes portés par le Serment de Buchenwald, serment qui fut prononcé par les détenus du camp à leur libération, le 19 avril 1945.
C’est dans cet esprit, qu’ils expriment avec force, dans une déclaration leurs inquiétudes quant à l’évolution de la situation politique mondiale et le développement d’actes terroristes visant à détruire les socles démocratiques, le respect des libertés, des Droits de l’Homme et de la paix.
En avril 1945, les internés et déportés de Buchenwald avaient affirmé leur volonté de construire et participer à un monde de paix et de liberté et « d’écraser définitivement le nazisme et ses racines ».
Aujourd’hui, ils n’admettent pas le développement de mouvements qui affichent ouvertement leur antisémitisme, leur xénophobie, leur racisme, ce contre quoi ils avaient lutté et dont ils furent les victimes. Ils ne peuvent admettre des politiques nationales qui limitent la démocratie, l’ouverture au monde, la liberté de conscience, les Droits de l’Homme.
La violence terroriste, le fondamentalisme religieux, l’antisémitisme, l’anti-tziganisme, le racisme et la xénophobie exacerbent les tensions politiques. Ces tensions sont exploitées, alimentées tant par des propos haineux que par des actes violents de la part de partis et de mouvances néofascistes, populistes et d’extrême-droite, sans que rien d’énergique ne vienne barrer leur route. Les anciens détenus de Buchenwald pensaient que ce temps-là était révolu.
Il faut développer l’engagement citoyen qui protège la démocratie, partout où c’est possible. Il est manifeste que le devoir d’éradiquer les racines du nazisme, tel qu’il avait été exprimé dans le Serment de Buchenwald n’est pas encore accompli. Une vie dans la paix, la liberté, la démocratie et la tolérance ne sera possible qu’à condition qu’on s’engage et qu’on lutte pour éradiquer les causes qui conduisent à la guerre, au néofascisme, au populisme de droite, à la haine et à la violence. Ce ne sont ni les clôtures barbelées, ni les camps de réfugiés aux conditions de vie indignes, ni les déportations forcées, ni les accords politiques douteux et discutables, qui permettront de promouvoir le vivre-ensemble en paix.
Les survivants des camps nazis, ainsi que leurs héritiers, demandent instamment à leurs gouvernements d’accueillir dignement ces populations qui ne doivent en aucun cas être victimes de situations inhumaines.
Nous, les survivants des camps nazis,
Nous, leurs successeurs au Comité International Buchenwald Dora,
Nous savons l’importance de la solidarité pour survivre et pouvoir faire face à des situations où la mort menace,
C’est pourquoi, nous appelons les chefs d’Etats et responsables politiques à surmonter les intérêts nationaux égoïstes et à s’appuyer sur l’héritage des valeurs du Serment de Buchenwald pour construire un monde plus en paix.
Buchenwald-Weimar, le 28 août 2016